Dans une déclaration liminaire de plus d’une heure, le défenseur de Ndayambaje, Me Pierre Boulé (Canada), qui a beaucoup insisté sur les retards mis par le TPIR à juger son client, a expliqué qu'il allait citer « au maximum » trente témoins pour prouver son innocence. « Aujourd’hui 20 mai 2008, Elie Ndayambaje commence la présentation de sa défense plus de 4.700 jours après son arrestion. Nous sommes au 646 ème jour de procès qui a commencé le 11 juin 2001 soit 6 ans après son arrestation », a déploré Me Boulé.
L’avocat canadien, assisté par un confrère rwandais, le professeur Claver Sindayigaya, a expliqué que « depuis son arrestation (Ndayambaje), nous sommes passés d’un siècle à l’autre ».Me Boulé a rappelé des multiples raisons qui ont occasionné le retard de ce procès dont la « jonction nationale dite jonction Bagosora» au cours de laquelle cet ancien haut gradé de l’armée rwandaise considéré par le parquet comme « le cerveau du génocide » devait être jugé avec 28 autres personnes, toutes des anciens responsables militaires et politiques dont Elie Ndayamabaje.
Une requête présentée en ce sens par le procureur en 1998 avait été rejetée par le juge Tafazzal Khan (Bangladesh). Sa décision a été confirmée par la chambre d’appel.
L’avocat principal de Ndayambaje a par ailleurs regretté la jonction actuelle (six accusés) qui avait été présentée par le procureur comme une façon d’accélérer la procédure et partant d’économiser les délais. L’état d’avancement de l’affaire prouve « le mal fondé des justifications alors présentées », a ironisé Me Boulé.
L’avocat canadien, qui a au passage déploré les limitations imposées par la chambre, a indiqué qu’il citera « au maximum » les trente témoins qui lui ont été accordés. Selon lui, ils viendront contredire la preuve à charge qui «s’est avérée de qualité douteuse » a-t-il dit.
Ndayambaje est notamment accusé de participation à des massacres sur la colline dite Kabuye où plusieurs milliers de Tutsis avaient cherché refuge pendant le génocide de 1994. Il plaide non coupable. Son avocat a annoncé qu’il présentera des témoins d’alibi.
Maire de Muganza depuis 1983, Ndayambaje avait démissionné en 1992 pour poursuivre ses études à l’université. Il a été renommé maire en juin 1994 « sans avoir été consulté », a plaidé son avocat. Il a quitté le Rwanda dans les jours suivis pour se réfugier en Belgique où il a été dénoncé par « une personne agissant sur le compte du gouvernement FPR (l’ancienne rébellion) », qui avait commencé une campagne de dénigrement contre lui et des personnes qui lui avaient offert l’hébergement, selon Me Boulé.
A son arrestation, Ndayambaje préparait un doctorat en économie à Anvers.
AT/PB/GF