En ouvrant cette phase du procès, le conseil principal de la défense, Emmanuel Altit, a déclaré que la mise en accusation du prêtre visait à « mettre en cause l’église (catholique) en tant qu’institution ».
L’objectif de l’inculpation est, selon l’avocat français, de « faire tomber cet homme, promis aux hautes destinées de l’église ». "C'est un homme brillant, intelligent, attentif aux autres" a-t-il dit.
Me Altit a soutenu que son client était « un prêtre bénéficiant d’une aura » et qui avait la confiance de son évêque tutsi, Mgr Jean Baptiste Gahamanyi.
« Le défense ne nie pas le génocide mais le Père Hormisdas n’a rien à voir tout cela », a affirmé le défenseur reprochant au procureur de ne pas avoir « agi avec plus de discernement ». « Il convient de mettre un terme à toutes ces années de cauchemars qu’aura vécues Hormisdas Nsengimana », a conclu Me Altit avant de citer le premier témoin à décharge.
Selon le procureur, l’abbé a non seulement ordonné des massacres mais tué en personne un vieux prêtre tutsi, Mathieu Ngirumpatse et plusieurs femmes tutsies. « Hormisdas Nsengimana était connu pour sa haine des Tutsis et des prêtres tutsis qui vivaient au collège Christ-Roi », soutient l’acte d’accusation.
Cette allégation a été réfutée par le premier témoin de la défense, un ancien élève hutu du collège Christ – Roi qui a affirmé que l’accusé traitait tout le monde de la même façon, sans tenir compte de l’appartenance ethnique ou régionale.
« C’était un très bon directeur, très respecté de ses élèves, un très bon professeur de latin », a ajouté ce témoin désigné par le nom de code EMR-33 pour préserver son anonymat.
L’ancien directeur du collège Christ-Roi a été arrêté au Cameroun le 21 mars 2002 et son procès s’est ouvert le 22 juin 2007.
Nsengimana fait partie des trois prêtres détenus par le TPIR. Le premier d’entre eux à avoir comparu, Athanase Seromba, un ancien vicaire de campagne, a été condamné à la prison à vie en appel le 12 mars dernier alors qu’il s’était vu infliger 15 ans d’emprisonnement au premier degré.
Le deuxième, Emmanuel Rukundo, un ancien aumônier militaire dans le nord du Rwanda, attend son jugement. Le procureur a requis la perpétuité contre lui le 20 février dernier.
Le dernier prêtre catholique inculpé par le TPIR, Wenceslas Munyeshyaka, sera jugé à Parsi, le tribunal des Nations Unies s’étant dessaisi du dossier au profit de la justice française.
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