Selon cet ancien milicien Interahamwe, Joseph Nzirorera était "tout puissant" dans la commune Mukingo (province Ruhengeri, nord), sa région natale. "Nzirorera était le roi de Mukingo, tout ce qu'il disait était exécuté ", a allégué le témoin lors du contre- interrogatoire.
Le témoin a maintenu ses précédentes déclarations selon lesquelles l'accusé avait mis en place dans sa commune D'origine, en 1991, la milice Interahamwe, affiliée à l'ex-parti présidentiel.
Sur ordre de Nzirorera, les miliciens Interahamwe sabotaient les activités des partis D'opposition, selon GFA.
Me Peter Robinson, l'avocat de Nzirorera, a néanmoins relevé des contradictions entre la déposition du témoin et ses déclarations recueillies par des enquêteurs du bureau du procureur.
l'avocat américain s'est notamment penché sur des réunions qui, selon le témoin, se tenaient régulièrement au domicile de la mère de Nzirorera à Busogo, dans la commune Mukingo.
Dans son témoignage devant la chambre, GFA affirme qu'il se tenait à l'extérieur quand de telles rencontres se déroulaient alors que dans une de ses déclarations aux enquêteurs il indique qu'il pouvait accéder librement à la salle de réunion. Le témoin a accusé les enquêteurs du bureau du procureur D'avoir altéré sa déclaration.
GFA poursuit sa déposition mercredi.
Considéré comme un des poids lourds de l'ex-parti présidentiel, le Mouvement républicain national pour la démocratie et le développement (MRND), Joseph Nzirorera fut ministre, pendant de plusieurs années, avant D'être désigné président de l'assemblée nationale intérimaire après la mort du président Juvénal Habyarimana.
Il comparaît aux côtés de deux autres ex-dirigeants du MRND : Mathieu Ngirumpatse, le président, et Joseph Karemera, le vice- président. Ce dernier était également ministre de l'intérieur.
Les trois hommes sont co-accusés avec l'ex-ministre de l'enseignement primaire et secondaire sous le gouvernement intérimaire, André Rwamakuba.
Médecin de formation, Rwamakuba était issu du Mouvement démocratique républicain (MDR), principal parti D'opposition au MRND. Les quatre accusés sont poursuivis pour génocide et crimes contre l'humanité.
Ils sont jugés par la troisième chambre de première instance présidée par la juge sénégalaise Andresia Vaz, assistée de deux juges ad litem (non permanents), l'Italienne Flavia Lattanzi et la Camerounaise Florence Rita Arrey.
André Rwamakuba boycotte ce procès depuis son ouverture fin novembre 2003, alléguant que son dossier a été "manipulé" par le procureur.
ER/PJ/AT/GF/FH (GVI''0413A)