Beardsley, le 38ème témoin à charge, a déclaré à la chambre qu’autant le Front Patriotique Rwandais (FPR) que les Forces Gouvernementales Rwandaises (FGR) éprouvaient des problèmes « non avec l’accord lui-même, mais avec sa mise en place », ajoutant que « aucun des deux côtés n’était d’accord sur rien. C’était une perpétuelle négociation. »
Le lieu d’installation du bataillon FPR à Kigali constituait notamment une pomme de discorde.
Lors de son interrogatoire principal, Beardsley avait déclaré que c’était le gouvernement qui éprouvait des problèmes concernant le lieu d’installation. “Bagosora et son gouvernement avaient une attitude hostile concernant ce bataillon du FPR et où il devait être basé. Les FGR n’offraient pas de lieu» avait déclaré Bearsdley.
“N’est-ce pas plutôt le FPR qui a refusé quatre lieux qu’on leur avait proposé, avant d’accepter le CND (le Parlement) ?” a demandé Me Constant au témoin.
“Il y avait des problèmes des deux côtés,” a reconnu le témoin. Me Constant a ensuite demandé au témoin s’il était au courant du fait que le gouvernement, représenté par Bagosora, avait offert de fournir des provisions au FPR, ce que ce dernier avait refusé.
“La nourriture aurait pu être empoisonnée. Et le FPR n’approuvait pas la façon dont le gouvernement négociait les contrats. Il faisait de l’argent sur le dos du FPR. Pour toutes ces raisons, le FPR a refusé, » a répondu Beardsley.
Le témoin a également révélé à la cour que les deux protagonistes avaient envoyé des délégués au quartier général des Nations-Unies, à New York, pour demander la présence de la MINUAR avant le 10 septembre 1993, afin d’accélérer la mise en place du gouvernement à base élargie. Précédemment, le témoin n’avait mentionné que le nom de Patrick Mazimpaka, un délégué du FPR.
Le gouvernement à base élargie faisait partie de l’accord d’Arusha. Le pouvoir devait être partagé entre les parties politiques concernés.
Dans ce procès dit Militaires I, Bagosora est co-accusé avec l'ancien responsable des opérations militaires à l'Etat major de l'armée, le général de brigade Gratien Kabiligi, l'ancien commandant de la région militaire de Gisenyi (ouest du Rwanda), le lieutenant-colonel Anatole Nsengiyumva, ainsi que l'ancien commandant du bataillon para-commando de Kanombe (Kigali), le major Aloys Ntabakuze.
Tous quatre plaident non-coupable de charges de génocides et crimes contre l’humanité.
Le procès se déroule devant la première chambre de première instance du TPIR présidée par le juge norvégien Erik Mose et comprenant en outre les juges russe Serguei Egorov et fidjien Jai Ram Reddy.
CE/SV/GF/FH (ML’0204AAAA)