La défense est revenue sur les révélations parvenues au général Dallaire par le biais D'un "informateur", selon lequel Bagosora et D'autres autorités politiques et militaires avaient adhéré à un plan visant l'extermination des Tutsis avant 1994. Ce plan aurait comporté la distribution D'armes et l'entraînement des milices, qui pouvaient "tuer un millier de Tutsis en vingt minutes".
A ce sujet, Me Raphaël Constant, l'avocat franco-martiniquais qui représente Bagosora, a soutenu que le général Dallaire aurait du s'assurer de la véracité du témoignage, avant D'en informer ses supérieurs à l'ONU. l'ex-commandant avait sollicité, en vain, des moyens supplémentaires pour démanteler des caches D'armes, a-t-il dit.
La défense a émis des "doutes sérieux sur l'existence physique" de cet informateur.
Le général Dallaire a concédé qu'il lui était difficile de vérifier ces informations.
Considéré par le parquet comme le "cerveau" du génocide rwandais, Bagosora est coaccusé avec l'ancien responsable des opérations militaires à l'Etat major de l'armée rwandaise, le général de brigade Gratien Kabiligi, l'ancien commandant de la région militaire de Gisenyi (ouest du Rwanda), le lieutenant-colonel Anatole Nsengiyumva, ainsi que l'ancien commandant du bataillon para-commando de Kanombe (Kigali), le major Aloys Ntabakuze.
Ils sont notamment accusés D'entente en vue de commettre le génocide, de crimes de guerre et de crimes contre l'humanité. Ils plaident non coupable.
l'ex-commandant onusien a par ailleurs indiqué qu'un groupe D'extrémistes lié au régime de l'ancien président Juvénal Habyarimana était opposé à l'application des accords de paix conclu entre le gouvernement et l'ex-rébellion du Front patriotique rwandais (FPR).
La défense a contesté la thèse de Dallaire selon laquelle Bagosora aurait fait partie de ce "noyau dur" qui entravait le processus de paix.
Parlant des accusations selon lesquelles Juvénal Habyarimana aurait refusé D'associer le FPR à un gouvernement à base élargi qui devait prêter serment en mars 1994, Me Constant a fait valoir que l'ex-mouvement rebelle s'était, de son gré, tenu à l'écart au motif qu'on y avait inclu un parti prêchant la haine ethnique.
"C'est lui [le président Habyarimana] qui cédait, qui faisait des propositions pour faire avancer les choses. N'est-ce pas là un signe de bonne volonté que la cérémonie ait été reportée par la suite ?", s'est interrogé l'avocat, rappelant que la raison du report était la persistance des divergences au sein des partis D'opposition sur leur représentativité.
Le procès "Militaires I" se déroule devant la première chambre de première instance du TPIR présidée par le juge norvégien Erik Mose, assisté des juges russe Serguei Egorov et fidjien Jai Ram Reddy.
Le contre-interrogatoire du général Dallaire se poursuivra vendredi.
GA/AT/GF/FH (ML"0122A)