Au terme D'un an de laborieuses négociations, les deux belligérants avaient enfin convenu D'enterrer définitivement la hache de guerre. Les Nations Unies avaient alors décidé de s'impliquer dans la mise en application des dispositions de l'accord de paix jusqu'à la tenue D'élections qui devaient se tenir au plus tard en décembre 1995. Ainsi, la MINUAR avait notamment pour mandat de " contribuer à assurer la sécurité de la ville de Kigali (...), superviser l'accord de cessez-le-feu". Elle devait également "contrôler le processus de rapatriement des réfugiés et de réinstallation des personnes déplacées".
Le commandant de la MINUAR, le général canadien Roméo Dallaire entre officiellement en fonction le 22 octobre 1993. En décembre, un bataillon de la MINUAR composé de soldats du Bangladesh et de la Belgique, l'ancienne puissance coloniale, est déployé dans la capitale rwandaise. Le déploiement échelonné de contingents D'autres pays suivra. Lorsque le président Habyarimana est tué dans le crash de son "Falcon 50", dans la soirée du 6 avril 1994, la MINUAR compte 2.500 hommes-2300 soldats et 200 observateurs militaires et policiers civils- venant de 23 nationalités.
Les vicissitudes de la MINUAR
Le lendemain du crash, dix casques bleus belges chargés de la garde du premier ministre Agathe Uwilingiyimana sont tués par des soldats rwandais. Les massacres de Tutsis et de Hutus modérés commencent. Parallèlement, les combats reprennent entre les troupes du FPR et les forces gouvernementales. Une semaine plus tard, le gouvernement belge décide de retirer ses troupes de la MINUAR.
Le 21 avril 1994, par sa résolution n ° 912, le Conseil de sécurité de l'ONU réduit à 270 l'effectif de la MINUAR. Le mandat est modifié de manière à ce que la MINUAR puisse agir comme intermédiaire entre les parties, pour essayer D'obtenir un cessez-le-feu, faciliter la reprise des opérations humanitaires et suivre l'évolution de la situation au Rwanda.
Mais la guerre et les massacres se poursuivent. Le 17 mai, la résolution n° 918 étend la mission de la MINUAR à la protection des populations et autorise pour cela le déploiement de 5 500 casques bleus (MINUAR II).
Le déploiement de la MINUAR II ne commencera qu'en août. Le général Dallaire quitte le pays et il est remplacé par son compatriote le général Guy Tousignant.
En décembre 1995, le Conseil de sécurité modifiera une nouvelle fois la mission de la MINUAR en mettant principalement l'accent sur la facilitation du rapatriement volontaire des réfugiés qui ont fui lavancée victorieuse du FPR. Le mandat de la MINUAR se terminera le 8 mars 1996 et son dernier soldat quittera le Rwanda le mois suivant. La MINUAR aura coûté 437.430.100 dollars américains.
Le rapport Carlsson
Suite aux nombreuses critiques contre l'attitude de la communauté internationale durant le génocide rwandais, une commission D'enquête indépendante est mise en place par l'ONU en mai 1999. La commission, présidée par l'ancien premier ministre de Suède, Ingvar Carlsson conclut, sept mois plus tard, que l'ONU a "failli" à sa mission au Rwanda. Le rapport Carlsson impute la responsabilité de l'échec de cette 16 ième opération onusienne de maintien de la paix au "système des Nations Unies dans son ensemble" et à certains Etats membres, comme les Etats-Unis, la France, la Grande-Bretagne et la Belgique. Le rapport recommande en conséquence à l'ONU et aux Etats membres de présenter des "des excuses claires au peuple rwandais". Le Secrétaire général de l'ONU, Kofi Annan, qui était chargé des opérations de la paix en 1994, sera le premier à battre sa coulpe. "De la part des Nations Unies, je reconnais cet échec et J'exprime mon profond remords", déclarera-t-il.
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