Emmanuel Macron a estimé vendredi que le "séparatisme" islamiste était en partie "nourri" par les "traumatismes" du "passé colonial" de la France et de la guerre d'Algérie, qu'il a appelé à régler d'une façon "apaisée".
"Nous sommes un pays qui a un passé colonial" avec "des traumatismes qu'il n'a toujours pas réglés", a expliqué le chef de l'Etat dans un discours aux Mureaux (Yvelines). "La guerre d'Algérie en fait partie", a-t-il précisé.
"Nous voyons des enfants de la République, parfois d'ailleurs, enfants ou petits-enfants de citoyens aujourd'hui issus de l'immigration et venus du Maghreb, de l'Afrique subsaharienne, revisiter leur identité par un discours post-colonial ou anti-colonial", a-t-il affirmé.
Ajouté à un tel discours, "les tabous que nous avons nous-mêmes entretenus" sur cette période "nourrissent ce séparatisme" et ne permettent pas "la structuration" de l'islam en France "d'avancer comme il faut".
Selon lui, la guerre d'Algérie est, "pour notre société, un noeud, parce qu'il nourrit des ressentiments, des non-dits". "Je crois que le temps est venu d'essayer d'apaiser les mémoires" de ce conflit qui a duré de 1954 à 1962.
Estimant que les "gestes symboliques" faits depuis le début de son quinquennat ne suffiront pas, il a affirmé qu'"il nous faut faire un travail d'historiographie et de mise à plat de notre mémoire".
Il a notamment cité la remise début juillet des restes de 24 combattants algériens tués au début de la colonisation française au XIXe siècle, geste considéré comme "un grand pas" par Alger.
Il a insisté sur l'importance de la mission qu'il a confiée en juillet à l'historien Benjamin Stora sur "la mémoire de la colonisation et de la guerre d'Algérie", pour favoriser "la réconciliation entre les peuples français et algérien".
Sur la base de son rapport, "nous allons devoir reconnaître des choses bonnes ou mauvaises" sur cette période "et chacun devra sans doute faire des gestes", a précisé Emmanuel Macron.
Depuis le début de son quinquennat, Emmanuel Macron a reconnu que Maurice Audin, mathématicien pro-indépendance disparu en 1957, était bien "mort sous la torture du fait du système institué alors en Algérie par la France". Il a aussi honoré les harkis, ces combattants algériens ayant servi la France avant d'être abandonnés par Paris dans des conditions tragiques.
Avant son élection, il avait qualifié la colonisation de l'Algérie de "crime contre l'humanité".