Une députée du Parlement régional bruxellois d'origine turque, Mahinur Özdemir, a été exclue vendredi de son parti pour avoir "refusé de reconnaître le génocide arménien" de 1915, a indiqué dans un communiqué la formation centriste francophone.
Mme Özdemir, âgée de 32 ans, était devenue en 2009 la première parlementaire belge portant le foulard islamique. Elle avait ostensiblement refusé jeudi de répondre aux questions de la télévision privée RTL-TVI, qui souhaitait l'interroger sur sa position vis-à-vis du génocide arménien.
Convoquée vendredi par le comité de déontologie du Centre démocrate humaniste (CDH), membre de la majorité au Parlement régional bruxellois, "Madame Özdemir a refusé de reconnaître le génocide arménien", alors que "la reconnaissance d'un génocide ne supporte pas une attitude ambiguë et réclame une totale clarté", selon le communiqué.
Le comité de déontologie a "fait le constat que Madame Özdemir ne partage pas cet engagement" et "a donc pris acte qu'elle ne faisait plus partie du CDH", et l'a "invitée" à rendre ses mandats électifs.
La presse belge s'est interrogée, à l'occasion fin avril du centenaire du génocide perpétré en 1915 par les Turcs ottomans contre les Arméniens, sur l'attitude jugée ambigüe de plusieurs élus belges d'origine turque.
Une demi-douzaine de députés fédéraux d'origine turque, issus de différents partis francophones et néerlandophones, avaient notamment choisi d'être absents lorsque la Chambre des représentants a observé une minute de silence à la mémoire des victimes. Ils avaient ensuite refusé de s'expliquer devant les médias.
Mme Özdemir est la première responsable belge à être exclue de sa formation politique dans le cadre de cette polémique.
Un millier de personnes d'origine turque ont par ailleurs manifesté à Bruxelles le week-end dernier pour protester contre la reconnaissance du "soi-disant génocide arménien et araméen" et contre les accusations dont ils se disent victimes.
Les Arméniens estiment qu'un million et demi des leurs ont été tués de manière systématique entre 1915 et 1917, pendant les dernières années de l'Empire ottoman, et une vingtaine de pays ont reconnu qu'il s'agissait là d'un génocide.
La Turquie récuse ce terme et évoque pour sa part une guerre civile en Anatolie, doublée d'une famine, au cours de laquelle 300.000 à 500.000 Arméniens et autant de Turcs ont trouvé la mort.