Après DAK entendu lundi, HP est le deuxième témoin à témoigner sur l’ assassinat du premier ministre.
Caporal des FAR au moment des faits, le témoin a affirmé qu’il avait trouvé, dans la matinée du 7 avril 1994, la dépouille « déshabillée » du premier ministre sur la véranda de sa résidence.
« On lui avait tiré une balle dans les côtes et beaucoup de balles dans la bouche », a expliqué HP, ajoutant qu’une cinquantaine de militaires, des éléments de la Garde Présidentielle dans leur majorité, circulaient dans l’enceinte de la résidence du premier ministre à ce moment.
Le témoin a indiqué que mission lui avait été confiée ce jour-là de ravitailler en vivres des militaires qui avaient été déployés pour renforcer les éléments de la Garde Présidentielle à la résidence du président Habyarimana, dont l’assassinat la veille avait déclenché le génocide anti-Tutsi.
D’après HP, ces militaires étaient sous le commandement de l’adjudant Boniface Bizimungu, qui était régulièrement en communication radio avec le commandant adjoint du bataillon de reconnaissance, le Capitaine Innocent Sagahutu.
Le capitaine Sagahutu et son supérieur immédiat, l’ancien commandant du bataillon de reconnaissance, le major François-Xavier Nzuwonemeye, sont également détenus à Arusha. Ils sont co-accusés avec deux autres officiers, les généraux Augustin Ndindiliyimana et Augustin Bizimungu, dans le cadre D'une autre affaire, connue sous l'appellation "Militaires II".
Poursuivant sa déposition, HP a rapporté que des casques bleus de la MINUAR (Mission des Nations Unies pour l’Assistance au Rwanda) avaient tenté d’ atteindre la résidence d’Uwilingiyimana. L’adjudant Bizimungu et le Capitaine Sagahutu auraient évité que les soldats de l’ONU voient le cadavre du premier ministre assassiné et ordonné au témoin de l’évacuer vers l’hôpital de Kanombe, non loin du centre ville.
L’ancien directeur de cabinet au ministère rwandais de la défense, le colonel Théonèste Bagosora, un des accusés dans ce procès considéré par le parquet comme le « cerveau du génocide rwandais », est notamment poursuivi assassinat de Mme Uwilingiyimana.
HP n’a pas évoqué le nom de l’accusé. Le parquet allègue néanmoins que depuis le déclenchement des massacres dans le nuit du 6 avril 1994, Bagosora a refusé d’associer le premier ministre Uwilingiyimana dans la gestion de cette crise.
Lors du contre-interrogatoire, le co-conseil canadien de Bagosora, Me Skolnik, a qualifié de « non fiable » la déposition de HP. Sommé de révéler l’identité de ceux qui ont tiré sur le premier ministre, le témoin a répondu : « Je ne sais pas si c’est un GP ou un militaire d’une autre unité ».
Bagosora est co-accusé avec l'ancien responsable des opérations militaires à l'Etat major de l'armée, le général de brigade Gratien Kabiligi, l'ancien commandant de la région militaire de Gisenyi (ouest du Rwanda), le lieutenant-colonel Anatole Nsengiyumva, ainsi que l'ancien commandant du bataillon para-commando de Kanombe (Kigali), le major Aloys Ntabakuze.
Accusés notamment d’entente en vue de commettre le génocide et de crimes de guerre, tous plaident non coupable.
Le procès se déroule devant la première chambre de première instance du TPIR, présidée par le juge norvégien Erik Mose, assisté des juges russe Serguei Egorov et fidjien Jai Ram Reddy.
Le parquet a déjà entamé l’interrogatoire principal de son 25è témoin, dénommé « XAO » pour des raisons de sécurité. Il faisait partie du bataillon para-commando dont le major Ntabakuze avait la charge au moment des faits.
GA/CE/GF/FH (ML’1111A)