La scolarisation forcée des enfants autochtones au Canada depuis la fin du 19ème siècle était une forme de "génocide culturel", a estimé lundi le chef de l'assemblée des Premières nations avant la publication du rapport de la commission de vérité et réconciliation.
Ce responsable autochtone, Pierre Bellegarde, a repris à son compte les propos tenus par Beverley McLachlin, la juge en chef de la Cour suprême qui avait estimé jeudi que "dans le langage de l'époque, c'était de l'assimilation. Dans le langage du 21e siècle, un génocide culturel".
De la fin du 19e siècle aux années 1970, plus de 150.000 enfants indiens, métis et inuits, ont été coupés de leurs familles et de leur culture en étant intégrés de force dans des pensionnats, souvent régis par l'Eglise catholique. Nombre d'entre eux ont été soumis à de mauvais traitements ou à des abus sexuels. Environ 80.000 d'entre eux sont encore en vie.
Les principales conclusions de la commission de vérité et réconciliation doivent être publiées mardi, fruit de cinq années de recueil de témoignages de quelque 7.000 anciens élèves de pensionnats au Canada.
Pour Pierre Bellegarde, il est important de reconnaître la souffrance de ces anciens élèves, afin d'aider les survivants et leur famille à dépasser le traumatisme et les souffrances psychologiques.
En comprenant mieux leurs expériences, les Canadiens "seront plus ouverts à une réelle réconciliation" a-t-il assuré.
Les Canadiens doivent se débarrasser "des fausses idées qu'ils peuvent avoir sur les peuples autochtones, des attitudes discriminatoires ou racistes qu'ils peuvent exprimer", et laisser place à des attitudes positives.
"À un moment, nous avions une bonne relation ainsi qu'un bon partenariat dans le commerce des fourrures et dans tout le reste, et puis tout a déraillé", a regretté le chef des Premières nations.
La misère, l'alcoolisme et les taux de suicide élevés, sont encore le lot aujourd'hui de bon nombre de leurs communautés, héritage en partie de cette politique d'assimilation, selon les responsables autochtones.
La plupart de ces pensionnats ont été fermés dans les années 1970. Le dernier a fermé en 1996 dans la province de la Saskatchewan (Centre).