"Vous êtes là pour juger, non sur des rumeurs, non sur des exégèses subtiles, mais sur des faits, des paroles entendues, des écrits diffusés. Et c'est pourquoi après huit années D'enquêtes- auxquelles a également participé la défense- après plus de trois ans de procès, en ma qualité D'avocat, je vais vous demander l'acquittement de Ferdinand Nahimana" a indiqué Me Biju Duval.
l'avocat français a estimé qu'aux hypothèses et aux allégations non fondées du procureur, la défense de Ferdinand Nahimana a opposé des faits.
"AujourD'hui il est clair que rien permet de rattacher Ferdinand Nahimana à un quelconque des crimes qui lui sont reprochés", a souligné Me Jean-Marie Biju Duval.
Ferdinand Nahimana est poursuivi notamment pour génocide, entente en vue de commettre le génocide, incitation directe et publique à commettre le génocide et pour crimes contre l'humanité. Il plaide non coupable.
Le procureur allègue qu'il était "le patron" de la Radio-télévision libre des Mille collines (RTLM) qui a incité au génocide anti-tutsi et aux massacres D'opposants qui ont fait un million de morts au Rwanda en 1994, selon un bilan établi par Kigali.
Me Biju Duval a déclaré qu'"il n'en est rien. Il rompt définitivement avec cette radio avant même qu'elle ne bascule dans le génocide".
Membre du comité D'initiative de la RTLM, Ferdinand Nahimana affirme qu'entre avril et juillet 1994, cette station de radio était tombée entre les mains des extrémistes et "ne nous appartenait plus".
Me Biju Duval a affirmé que "tout le procès a montré que Ferdinand Nahimana est clairement l'homme D'une idée fixe, immuable: celle de l'unité nationale, D'un peuple-nation, face aux dangers du régionalisme et de l'ethnisme".
Le procureur accuse Ferdinand Nahimana de discriminer les Tutsis et les Hutus qui ne sont pas de sa région natale, le nord du Rwanda. Me Biju Duval a indiqué que les accusations lancées contre Ferdinand Nahimana ont été concoctées après le génocide, parce que, en tant qu'intellectuel, il correspondait au "coupable idéal".
"C'est un des fondateurs de la RTLM. Il est question D'un crime de la pensée, un crime de la parole. Il est historien. Il est devenu directeur de l'ORINFOR [Office rwandais D'information] Et le lien est vite fait", a plaidé Me Biju-Duval.
Le défenseur de Ferdinand Nahimana a expliqué que "avant le génocide, on ne présentait pas Ferdinand Nahimana comme l'homme de l'affrontement génocidaire, comme l'homme des Hutus contre les Tutsis, ni comme la cheville ouvrière de la RTLM. Il ne le devient qu'après les massacres , alors qu'on sait qu'il n'y a joué aucun rôle.", a-t-il ajouté.
Me Biju Duval a réfute l'ensemble des témoignages à charge, dont il a dénoncé "l'extrême fragilité, quand ce n'est pas l'extrême dangerosité, non pas pour l'accusé, mais pour la justice".
Me Biju Duval est assistée de l'avocate anglaise Me Diana Ellis dans la défense de Ferdinand Nahimana. Me Ellis a déclaré que"le procureur semble faire un amalgame en évoquant un comportement discriminatoire" en ce qui concerne Ferdinand Nahimana.
Ferdinand Nahimana est coaccusé avec Jean-Bosco Barayagwiza, un autre membre du comité D'initiative de la RLM, ainsi qu'avec Hassan Ngeze, ancien directeur et rédacteur en chef de la revue taxée D'extrémisme, Kangura.
Jean-Barayagwiza ne se présente pas au procès. Le parquet a requis la prison à vie contre les trois coaccusés.
Le procès se déroule devant la première chambre de première instance du TPIR présidée par la juge sud-africaine Navanethem Pillay et comprenant en outre les juges norvégien Erik Mose et sri-lankais Asoka de Zoysa Gunawardana.
AT/GF/FH(ME'0820B)