Condamné à 15 ans de prison par le TPIR en 1999 après avoir plaidé coupable de génocide, le témoin a essentiellement déposé contre Nsengiyumva.
Lors du contre-interrogatoire entamé mercredi, l'avocat kenyan de Nsengiyumva, Me Ottachi Bw'Omanwa a notamment relevé les contradictions entre les déclarations de Serushago aux enquêteurs du TPIR et sa déposition devant la chambre, en vue de mettre à mal sa crédibilité.
Me Ottachi a ainsi évoqué un appel qu'aurait lancé son client aux Interahamwe de Gisenyi pour aller en renfort à Bisesero et à Nyange, (province Kibuye, ouest du Rwanda), "où des Tutsis résistaient", selon Serushago. l'avocat a relevé deux contradictions à ce sujet. Serushago a indiqué que cet appel a été lancé en juin 1994, alors qu'il a mentionné le mois D'avril aux enquêteurs du TPIR en 1997/98.
Ensuite, un véhicule à mégaphone devait servir dans la ville de Gisenyi, avant le départ pour Bisesero des Interahamwe, à qui Nsengiyumva aurait distribué armes et munitions. Le témoin a indiqué devant la chambre que "ce véhicule était de type Toyota Starlet" et qu'il l'a utilisé lui-même, alors que sa déclaration aux enquêteurs montre qu'il s'agissait D'un bus.
Le témoin a reconnu que "des erreurs de frappe peuvent se glisser ici et là", soutenant également que les enquêteurs qui l'ont interrogé ne maîtrisaient pas bien le français.
Mémoire défectueuse
S'agissant de la mort de 20 personnes qui auraient été enlevées chez un évêque et massacrées sur instruction de l'accusé en date du 20 avril 1994, Serushago a eu du mal à établir clairement le rôle qu'aurait joué Nsengiyumva.
"Il a donné le signal, mais ce n'est pas lui qui a donné l'ordre parce que les choses étaient déjà préparées", a expliqué le témoin.
Serushago a en outre indiqué qu'après cette opération, les Interahamwe qui y avaient pris part, dont lui même, avaient reçu les félicitations de Nsengiyumva. Mais là encore, il lui était difficile de se rappeler le lieu de leur rencontre avec l'accusé.
"C'était soit à l'Hôtel Méridien, soit à l'Hôtel Palm Beach, je pense", a-t-il dit, demandant à la chambre de l'excuser sur des erreurs de lieu ou de temps.
A un moment, Serushago a prié l'avocat de ne pas lui poser "des questions qui ne sont pas importantes pour la chambre". Le juge président est intervenu, à maintes reprises, pour clarifier les questions au témoin et lui expliquer leur importance pour la défense.
Le procès des "Militaires I" se déroule devant la première chambre de première instance du TPIR composé des juges norvégien Erik Mose (président),
russe Serguei Aleckseievich Egorov et fidjien Jai Ram Reddy.
Serushago a clôturé sa déposition dans l'après-midi. Une conférence de mise en état, à huis clos, a terminé la séance.
GA/CE/GF/FH (Ml'0619A)