"J'ai aidé mille Tutsis. J'ai été arrêté huit fois pour cela", a affirmé Hassan Ngeze, en répondant à une question D'un juge. l'accusé a indiqué qu'il a aidé les Tutsis à se mettre à l'abri dans divers endroits de la ville de Kigali, notamment à l'hôtel des Mille collines, à l'Eglise Sainte Famille et dans des locaux de l'ONU ou en les évacuant à l'étranger.
Hassan Ngeze a rapporté qu'il avait "formé" autour de six personnes pour l'aider à transporter des Tutsis menacés à Goma, dans l'ex-Zaïre. Des témoins de la défense ont déclaré que Ngeze les avait dissimulés dans des fûts et conduits à Goma en prétendant qu'il allait acheter de l'essence.
"Beaucoup D'accusés viendront vous dire qu'ils n'ont pas participé aux massacres, mais personne ne vous dira comment il a sauvé des gens[…] Moi je suis quelqu'un qui a sauvé des Tutsis", a-t-il poursuivi. "Je recevrais la reconnaissance de l'histoire", a-t-il dit.
Hassan Ngeze est coaccusé avec deux responsables présumés de la Radio-télévision libre des Miille collines (RTLM), Ferdinand Nahimana et Jean-Bosco Barayagwiza. Ils plaident non coupables.
Nouvelles allégations de menaces contre des témoins
En début de l'audience lundi matin, l'avocat canadien Me René Martel, co-conseil de Hassan Ngeze, a fait part à la chambre de menaces qu'auraient subies récemment trois témoins de la défense et a demandé une enquête à ce sujet. Le 15 mars dernier, Me Martel avait formulé une plainte analogue et le Tribunal avait ordonné une enquête pour un incident impliquant quatre témoins.
Me Martel a indiqué qu'il avait été informé par e-mail que trois des témoins attendus à la barre au mois de mai "ont été intimidés à l'arme à feu" dans leurs pays de résidence.
"Je ne sais pas où se trouve la fuite. Mais il y a une fuite. Nous demandons une enquête, non pas une enquête sur papier, mais une enquête faite par un policier professionnel", a plaidé l'avocat.
Me Martel a mis en cause un membre du bureau du procureur, la Kenyane Charity Kagwi-Ndungu, en raison des visites qu'elle effectuerait régulièrement auprès D'Omar Serushago, un ancien chef milicien condamné par le TPIR, devenu informateur du parquet.
La juriste kenyane a rejeté ces allégations et a demandé à Me Martel D'attendre les conclusions de l'enquête ordonnée par la chambre.
Le procès des médias se déroule devant la première chambre de première instance du TPIR présidée par la juge sud.-africaine Navanethem Pillay et comprenant en outre les juges norvégien Erik Mose et sri-lankais Asoka de Zoysa Gunawardana.
La déposition de Hassan Ngeze se poursuit mardi. La chambre lui avait donné jusqu'à lundi pour terminer son témoignage direct. Lundi soir, Me Martel a indiqué que "visiblement M.Ngeze n'a pas terminé la présentation de sa cause" et a appuyé la requête de l'accusé en vue de disposer de trois jours supplémentaires.
"C'est mon procès, il faut qu'on me donne du temps", a déclaré Ngeze, soulignant: "Je n'ai pas répondu aux 47 témoins du procureur, je n'ai pas encore abordé Kangura".
La chambre a décidé de lui accorder une demi-journée supplémentaire, mardi matin, "sous réserve de la manière dont vous allez gérer votre temps, compte tenu de ce que la chambre attend de vous", lui a-t-elle signifié.
AT/CE/GF/FH (ME'0331A)