Le témoin a exercé les mêmes fonctions après la victoire du Front patriotique rwandais (FPR) en juillet 1994 jusqu'à son arrestation en mars 1995 pour génocide.
"A ma connaissance, Bagambiki ne faisait pas de discrimination ethnique (…) il traitait tous ses collaborateurs de la même façon, sans tenir compte de leur appartenance ethnique ou politique", a déclaré le témoin.
En outre, selon Munyangabe, Emmanuel Bagambiki a tenu plusieurs réunions avec ses collaborateurs pour tenter D'arrêter les massacres de Tutsis à Cyangugu entre avril et juin 1994
"Bagambiki m’a même envoyé le 20 avril 1994 à la paroisse de Shangi pour tenter d’éviter un assaut que des miliciens s’apprêtaient à lancer sur des réfugiés tutsis", a indiqué Munyangabe. Il a affirmé avoir pu sauver lors de cette mission 40 Tutsis qui étaient particulièrement recherchés par des miliciens.
"Malheureusement, quelques jours après mon départ, des Interahamwe ont attaqué la paroisse et massacré des Tutsis", a-t-il déploré.
Le témoin Munyangabe était contre-interrogé par le représentant du bureau du Procureur, l’Ougandais Richard Karegyesa.
Au début de ce contre-interrogatoire, Munyangabe avait prié les juges de l’aider à remettre au greffe un document exprimant son "cri de détresse".
Jugé pour génocide et définitivement acquitté en juillet 1999, il a été de nouveau arrêté deux mois plus tard "sans notification officielle des motifs de la nouvelle arrestation", selon ses propres termes. "Mon cri de détresse demande que la justice soit rendue pour tous, y compris pour les plus faibles", a-t-il indiqué.
Le juge président George Lloyd Williams lui a répondu que "cela ne relève pas de la compétence de la chambre, ni même de celle du tribunal".
Après Munyangabe, la défense a cité un son vingt-cinquième témoin, un officier de la gendarmerie belge. Le Commissaire Jacques Grass a réalisé une enquête à Cyangugu dans le but, selon la défense, de « présenter aux juges la réalité des lieux ». Le gendarme belge entrera mercredi dans le fond de son rapport.
Emmanuel Bagambiki est co-accusé avec l'ancien ministre des transports et communications sous le gouvernement intérimaire, André Ntagerura, ainsi que l'ancien commandant du camp militaire de Karambo, à Cyangugu, le lieutenant Samuel Imanishimwe. Ils plaident non coupable.
Le procès se déroule devant la troisième chambre de première instance du TPIR comprenant, outre le juge président George Lloyd Williams de Saint Kitts et Nevis, les juges russe Yakov Ostrovsky et slovène Pavel Dolenc.
ER/CE/GF/FH (CY'0325A)