Il ne faisait pas de discrimination entre les ethnies", a déclaré RM13, le troisième témoin de la défense de Ngeze.
RM13 habitait la même ville que Ngeze en 1994 et a témoigné sur sa personnalité. "Il était apprécié par les habitants de Gisenyi [ouest du Rwanda], à cause
des informations qu'il donnait. Il était généreux et aidait les gens dans le besoin. Il n'avait de problèmes avec personne", a poursuivi le témoin. RM13 a par ailleurs indiqué que Hassan Ngeze n'a jamais porté d’arme et ne fréquentait pas les soldats ou les civils armés.
Selon RM13, l'accusé n'a jamais appartenu à la milice Interahamwe, considérée comme le fer de lance du génocide de 1994, ou donné l’ordre de tuer.
"Je ne l'ai jamais vu donner d’ordres à quiconque […] M. Ngeze n'était pas une autorité", a rapporté le témoin.
Ancien directeur et rédacteur en chef de la revue Kangura, Hassan Ngeze est coaccusé avec deux responsables présumés de la Radio-télévision libre des
Mille collines (RTLM) pour utilisation des médias à des fins de génocide. Il plaide non coupable.
Le témoin a déclaré qu'il lisait Kangura, "puisque, parfois, il y avait des informations très intéressantes pour la population". Réagissant au commentaire du procureur selon lequel Kangura incitait à la division ethnique, le témoin a indiqué qu'il n'avait pas lu tous les numéros de cette publication.
Le procureur a également suggéré que Ngeze était lié à des personnalités influentes au sein de l'ancien régime pro-hutu, mais il a obtenu là aussi des réponses mitigées de la part du témoin.
Le témoin a en outre affirmé ne rien savoir des relations présumées entre le parti radical pro-hutu, la Coalition pour la défense de la République (CDR), la revue Kangura et Hassan Ngeze. Selon le procureur, "Ngeze s'est battu pour l'unité des Hutus", au détriment des Tutsis. RM13 a terminé sa déposition mercredi dans la matinée. La chambre a ajourné les débats jusqu’à jeudi après-midi, en attendant l'arrivée de nouveaux témoins.
Le procès des médias se déroule devant la première chambre de première instance du TPIR présidée par la juge sud-africaine Navanethem Pillay et composée en outre des juges norvégien Erik Mose et sri-lankais Asoka de Zoysa Gunawardana.
AT/CE/GF/FH (ME'0122A)