Le Tribunal a entendu la déposition du troisième témoin de l'accusation, surnommé "GHA" pour protéger son anonymat. M.GHA est un Tutsi rescapé des massacres de Bisesero.
Selon lui, l'accusé aurait parcouru les collines de Bisesero en incitant des miliciens hutus à tuer les Tutsis, avant que les troupes du Front patriotique rwandais (FPR), l'ex-mouvement rebelle à dominante tutsie actuellement au pouvoir à Kigali, n'arrivent dans cette région.Armé, Eliézer Niyitegeka se serait adressé aux miliciens en utilisant un porte-voix.
Le témoin a affirmé avoir vu l'accusé à Bisesero une première fois au mois de mai 1994. "La seconde fois, J'étais caché et blessé mais je l'entendais parler", a poursuivi le témoin, qui s'exprimait dans sa langue maternelle, le kinyarwanda.
Le parquet affirme que, dès la formation du gouvernement intérimaire le 8 avril 1994, plusieurs membres du cabinet, dont Eliézer Niyitegeka, ont adhéré au plan D'extermination des Tutsis mis en place et pris les dispositions nécessaires pour l'exécuter.
"Nous le retrouvons dans les collines de Bisesero en train de conduire des attaques contre des Tutsis", avait déclaré le subsitut australien du procureur, Kenneth Fleming, à l'ouverture du procès le 17 juin. "On pourrait dire cyniquement que l'accusé en mai 1994 était occupé à ce que l'on décrirait comme des tirs contre des pigeons", avait-t-il indiqué.
Eliézer Niyitegeka est défendu par l'avocate anglaise Me Sylvia Hannah Geraghty et un confrère irlandais Me Feargal Kavanag. Il plaide non coupable. Contre-interrogeant le témoin, Me Kavanag a relevé qu'il n'avait pas précédemment cité Eliézer Niyitegeka parmi les auteurs de massacres à Bisesero, quand il avait été interviewé par des enquêteurs du parquet.
"On ne peut parler de quelque chose que lorsque l'on s'en souvient. C'est au moment où je m'en suis souvenu que J'ai parlé de lui", a rétorqué M.GHA.
Le témoin a déjà déposé devant le TPIR en octobre 1997 dans le procès conjoint de l'ex-préfet de Kibuye, Clément Kayishema, et de l'homme D'affaires Obed Ruzindana.
Me Kavanagah a suggéré qu'en comparant les deux dépositions du témoin, on pouvait conclure que son récit ne correspond pas à la réalité. M.GHA a affirmé qu'il connaissait bien l'accusé Niyitegeka, qui fut, selon lui, son professeur.
Le procès de Niyitegeka se déroule devant la première chambre de première instance du TPIR présidée par la juge sud-africaine Navanethem Pillay, et composée en outre des juges, norvégien Erik Mose et sénégalaise Andrésie Vaz. Le parquet avait annoncé qu'il citerait seize témoins dans cette affaire. Mardi matin, il a décidé D'en retirer un.
AT/CE/DO/FH (NI-0813A )