Il aurait ajouté, toujours selon le même témoin, qu'il ne fallait pas avoir peur de tuer les Tutsis, que quiconque tuait un Tutsi devait exhiber sa carte D'identité et recevoir une rémunération en argent.
Ntagerura a indiqué que la loi fondamentale a autorisé la tenue des meetings politiques depuis août 1991, mais il a catégoriquement nié avoir tenu les propos que lui attribue LAH. Il a nié également avoir participé à ce meeting.
Ntagerura a situé son passage à Bushenge à une période différente, "vers août 1990, environ un mois après mon entrée dans le ministère des travaux publics, J'ai effectué une tournée D'inspection dans la région".
"Le gouvernement n'aurait pas toléré une personne en son sein quelqu'un qui aurait prononcé de telles paroles", a plaidé l'accusé, ajoutant que la presse, "en profusion à ce moment là", en aurait fait état.
Ntagerura a par ailleurs expliqué que le gouvernement dont il faisait partie était "un gouvernement pluripartite dirigé par un premier ministre D'opposition", et que "donc pareils propos ne seraient pas restés impunis, peu importe celui qui les aurait prononcés". l'ex-ministre était membre du parti présidentiel.
Ntagerura est co-accusé avec l'ancien préfet de Cyangugu Emmanuel Bagambiki, ainsi que l'ex-commandant de la garnison militaire de Karambo à Cyangugu, le lieutenant Samuel Imanishimwe. Ils sont poursuivis pour génocide et crimes contre l'humanité. Ils plaident non-coupables.
Le procès du groupe Cyangugu se déroule devant la troisième chambre de première instance du TPIR, présidée par le juge de Saint Kitts et Nevis, George Lloyd Williams, et comprenant en outre les juges russe, Yakov Ostrovsky et slovène Pavel Dolenc.
Me Benoît a qualifié son client de "témoin le plus important" pour la défense.
Détenteur D'une maîtrise en administration des affaires de l'Université Laval au Québec (Canada), Ntagerura, 52 ans, est un intellectuel aux origines modestes, ayant occupé plusieurs fonctions académiques et politiques au Rwanda. Il a notamment été vice-doyen de la faculté des sciences économiques, sociales et de gestion de l'Université nationale du Rwanda et secrétaire général de cette université.
En mars 1981, ila été nommé ministre des affaires sociales et du développement communautaire.Par la suite, il deviendra ministre de l'enseignement supérieur, de la recherche scientifique et la culture (1982-1984), des transports et communications (1984-1990), puis des travaux publics, l'énergie et l'eau (1990-1992).
En 1992, il est revenu au ministère des transports et communications, poste qu'il a occupé jusqu'en juillet 1994.
GA/AT/DO/FH (CY-0717A)