avaient sollicité la comparution du Franco-Béninois Lucien Hounkpatin, pour éclairer la chambre par son "analyse ehnopsychiâtrique de la tragédie rwandaise à partir du 7 avril 1994".
Le parquet s'était fermement opposé à cette expertise, arguant qu'elle n'était ni pertinente, ni nécessaire et ne ferait que "dénaturer le processus de recherche de la vérité."
Les juges ont estimé que le témoignage de l'expert pourra "assister la chambre dans son examen de la déposition de différents témoins" entendus dans ce procès.
Lucien Hounkpatin devrait contrebalancer la déposition D'un autre expert cité par le parquet, le sociologue français André Guichaoua.
André Guichaoua avait affirmé que le génocide rwandais n'est pas une réaction spontanée D'une population sous le coup de la mort de son président, mais l'œuvre D'acteurs individuels agissant avec la complicité de responsables locaux.
Lucien Hounkpatin insiste de son côté sur la part de "la haine et la psychologie collective"dans le génocide anti-tutsi et les massacres D'opposants qui ont fait un million de morts au Rwanda en 1994 .
La chambre a estimé que ce point de vue peut l'assister dans son travail de détermination de la responsabilité pénale individuelle des accusés.
André Ntagerura est co-accusé avec l'ancien préfet de Cyangugu, Emmanuel Bagambiki, ainsi que l'ancien commandant du camp militaire de Karambo à Cyangugu, le lieutenant Samuel Imanishimwe. Tous plaident non coupables aux accusations de génocide et de crimes contre l'humanité retenues contre eux.
Le procès se déroule devant la troisième chambre de première instance du TPIR présidée par le juge de Saint-Kitts et Nevis,George Williams, assisté des juges, russe Yakov Ostrovsky, et slovène, Pavel Dolenc.
Vidéoconférence exclue
Le Tribunal a par ailleurs écarté la possibilité D'une déposition par vidéoconférence sollicitée par la défense de Ntagerura pour un témoin résidant en Europe qui a déclaré qu'il ne pourra pas venir à Arusha pour des raisons de santé.
Tout en réservant sa décision sur l'admission du témoignage, le Tribunal a indiqué qu'en raison des problèmes techniques, la déposition par vidéoconférence à partir de la La Haye (Pays Bas) est exclue.
Les parties pourraient donc se rendre à La Haye pour recueillir cette déposition dans une des salles D'audience du Tribunal pénal international pour l'ex-Yougoslavie (TPIY), a laissé entendre le juge président.
Les débats reprennent jeudi avec la déposition du Rwandais Antoine Nyetera, "un Tutsi de la famille royale rwandaise" qui a déjà témoigné en faveur de l'ex-maire de Bicumbi (province Kigali rurale, centre-est du Rwanda), Laurent Semanza, dont le procès est en délibéré devant la même chambre.
Lucien Hounkpatin sera quant à lui entendu dès lundi prochain. Le témoignage suivant sera celui de l'accusé Ntagerura.
Les coaccusés de l'ancien ministre n'ont pas encore cité leurs témoins. Samuel Imanishimwe le fera dès le 30 septembre.
AT/DO/FH(CY-0709A)