Les Ntakirutimana sont poursuivis pour génocide et crimes contre l'humanité portant sur des massacres de Tutsis à Mugonero (province Kibuye, ouest du Rwanda) et dans les collines avoisinantes de Bisesero. Ils plaident non coupables.
Elizaphan Ntakirutimana était pasteur à l'église adventiste de Mugonero et Gérard Ntakirutimana médecin à cet endroit. Le Dr Ntakirutimana a déclaré avoir cessé de travailler le 14 avril 1994, après qu'un gendarme l'eût informé qu'il n'était plus possible D'assurer la sécurité de l'hôpital, a-t-il dit. Des milliers de Tutsis qui s'étaient réfugiés à l'hôpital de Mugonero ont été massacrés le 16 avril 1994.
Le substitut nigérian du procureur, Charles Adeogun-Philips, a suggéré au Dr Ntakirutimana : "Vous avez abandonné votre poste parce que vous vouliez que l'on ne pense pas que vous vouliez aider les Tutsis à cette époque."
Le Dr Ntakirutimana a maintenu qu'il a cessé de travailler en raison de l'insécurité. "Nous aidons les gens quand c'est possible. Avec le cœur gros, quand ce n'est pas possible, on ne peut pas continuer à travailler", a-t-il dit, ajoutant :"Je n'avais pas de choix".
Charles Adeogun-Philips a affirmé que le Dr Ntakirutimana avait été informé que l'hôpital allait être attaqué et avait décidé D'abandonner les blessés, en les laissant entre les mains des infirmiers tutsis menacés et de surcroît non qualifiés.
Le Dr Ntakirutimana a déclaré avoir quitté Mugonero le 16 avril 1994 pour s'installer au-lieu dit Gishyita, fuyant l'insécurité. Charles Adeogun-Philips a reconnu que l'accusé s'était certes installé à Gishyita mais a allégué qu'il s'était souvent rendu à Mugonero et Bisesero pour participer aux attaques contre des Tutsis. Le représentant du parquet a en outre indiqué que l'accusé avait souvent rencontré des personnalités locales impliquées dans des massacres.
Le procès des Ntakirutimana a commencé le 18 septembre 2001. Le parquet a présenté 19 témoins, la défense vingt-quatre. Le procès s'est déroulé devant la première chambre de première instance du TPIR présidée par le juge norvégien Erik Mose et comprenant en outre, les juges, sud-africaine Navanethem Pillay et sénégalaise Andrésie Vaz. Les débats ont été clôturés vendredi. Les plaidoiries ont été fixées à la mi-juillet.
AT/GF/FH (NT-0510A )