La Turquie a annoncé tard lundi soir avoir rappelé son ambassadeur au Brésil après une résolution, qualifiée d'"irresponsable" par son ministère des Affaires étrangères, votée par le Sénat de ce pays reconnaissant le génocide arménien de 1915.
Cette démarche suit le rappel ces dernières semaines, pour les mêmes raisons, des ambassadeurs de la Turquie au Vatican, en Autriche et au Luxembourg.
"Nous condamnons la résolution du Sénat brésilien qui déforme les réalités historiques concernant les événements de 1915", a indiqué le ministère dans un communiqué, ajoutant que son ambassadeur Hüseyin Diriöz avait été "rappelé en consultations".
La motion de solidarité avec le peuple arménien, présentée par deux sénateurs du Parti de la sociale démocratie (PSDB, d'opposition au gouvernement de Dilma Rousseff), a été approuvée le mardi 2 juin par 55 des 81 sénateurs brésiliens.
Le gouvernement de Mme Rousseff a indiqué mardi qu'il "déplorait" la décision du gouvernement turc de rappeler son ambassadeur ainsi que les termes du communiqué diffusé par le ministère turc des Affaires étrangères.
L'ambassadeur de la Turquie à Brasilia a été appelé au siège la diplomatie brésilienne le 1er juin à la veille du vote au Sénat et "a reçu de larges explications sur les processus en cours au Sénat", indique le ministère brésilien dans un communiqué.
Il ajoute espérer que les relations entre la Turquie et le Brésil, "formellement définies comme stratégiques, pourront revenir très bientôt à la pleine normalité".
Consulté auparavant par l'AFP sur sa position, le ministère des Affaires étrangères avait précisé que le Brésil "se solidarise avec la douloureuse tragédie des Arméniens en 1915" dans le contexte de la Première Guerre mondiale mais s'était abstenu de parler de "génocide".
La Turquie dénonce systématiquement les déclarations qualifiant de génocide les massacres de centaines de milliers d'Arméniens perpétrés par l'Empire ottoman pendant la Première Guerre mondiale, ou qui la pressent de le reconnaître.
La Turquie nie que l'Empire ottoman ait organisé le massacre systématique de sa population arménienne pendant cette période et récuse le terme de "génocide" utilisé par l'Arménie mais aussi par de nombreux historiens et une vingtaine de pays dont la France, l'Italie et la Russie.