Deux témoins de l'accusation, désignés par les lettres "LAI" et "LAP" pour protéger leurs identités, ont rapporté en septembre dernier que, le 28 janvier 1994, en prélude aux massacres D'avril 1994, André Ntagerura était venu à Bugarama, à bord D'un hélicoptère, pour distribuer des armes aux Interahamwe (milice de l'ex-parti au pouvoir, le MRND), en compagnie du général Kabiligi.
"Je ne peux avoir de preuve plus pertinente", a fait observer Me Benoît Henry, expliquant que l'accusé-témoin serait a accompagné de son conseil. La défense entend prouver qu'au moment des faits allégués par le parquet, Kabiligi était en mission à l'extérieur du pays. Le général Kabiligi est défendu par l'avocat franco-togolais, Me Jean Degli.
La représentante néo-zélandaise du parquet, Andra Mobberley, a estimé que le témoin ne devrait pas bénéficier des conseils de son avocat pendant sa déposition, qualifiant cette situation D'"inhabituelle". "La question va se poser sur la crédibilité de ce témoin, qui est un accusé", a fait remarquer la représentante du parquet, ajoutant que le témoin pourrait tenir des propos "qui pourraient être retenus contre lui".
Me Benoît Henry a qualifié les propos du procureur de "navrant", expliquant : "Le conseil du témoin ne va pas faire D'objections à ma place, mais il peut donner des conseils qu'il juge appropriés au moment où les questions sont posées".
"Si le témoin risque de donner des réponses qui tendent à l'incriminer, c'est normal qu'il bénéficie des conseils de son avocat", a conclut Me Henry.
"Il est fait droit à la requête et nous l'expliquerons plus tard par écrit", a annoncé le juge président, George Williams de Saint Kitts et Nevis. Les débats reprennent lundi. Le procès se déroule devant la troisième chambre de première instance du TPIR, comprenant, outre le juge Williams, les juges, russe Yakov Ostrovsky, et slovène Pavel Dolenc.
GA/AT/GF/FH (CY-0322A)