19.03.2002 - TPIR/BUTARE - UN TEMOIN ALLEGUE AVOIR ETE INTIMIDE PAR DES PARENTS D'UN ACCUSE

Arusha 19 mars 2002 (FH) - Le huitième témoin de l’accusation dans le procès de six personnes accusées des crimes commis à Butare (sud du Rwanda), en cours devant le Tribunal pénal international pour le Rwanda (TPIR), a déclaré mardi que des proches de l’un des accusés, l'ex-préfet Alphonse Nzeziryayo, avaient tenté de l'empêcher de témoigner contre lui. Présenté sous le pseudonyme "QBV" pour protéger son anonymat, le témoin, détenu au Rwanda en attente de sa sentence après avoir plaidé coupable, a indiqué qu’il était menacé par des parents de l’accusé, détenus avec lui, de sorte qu’il n’a pas dit toute la vérité lors de déclarations antérieures recueillies par le parquet sur son lieu de détention.

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M.QBV répondait aux questions de l’avocat burkinabé de Nteziryayo, Me Titinga Frédéric Pacere, lors du contre-interrogatoire qui dure depuis jeudi dernier. La défense de l’accusé relevait certaines contradictions et omissions entre les déclarations antérieures du témoin et sa déposition devant la cour.

"Oui, je n’ai pas dit toute la vérité, parce que ses proches me regardaient d’un mauvais œil", a déclaré le témoin, sans donner de précisions sur l’identité ni les relations qu’avait l’accusé avec ceux qui l'auraient menacé.

"Ils me disaient de venir comparaître devant le Tribunal, de nier avoir vu Alphonse Nteziryayo distribuer les armes, et de dire que je n'avais vu que le colonel Muvunyi", a dit M.QBV .

Le colonel Tharcisse Muvunyi, ancien commandant de l’Ecole des sous-officiers (ESO) de Butare, est également détenu au TPIR.

Dans sa déposition en interrogatoire principale la semaine dernière, le témoin avait dit qu’alors qu’il tenait un barrage routier avec ses compagnons miliciens, entre les communes Mugusa et Shyanda, Nteziryayo et Muvunyi leur avaient fourni des armes et des munitions, utilisées pour massacrer une cinquantaine de Tutsis le 22 avril 1994.

Me Titinga Pacere a plaidé que les omissions et contradictions du témoin devaient entamer sa crédibilité.

Sont concernés par ce procès, outre Alphonse Nteziryayo, son prédecesseur à la tête de la préfecture de Butare, Sylvain Nsabimana, l’ex-ministre de la famille et de la promotion féminine, Paluline Nyiramasuhuko, son fils Arsène Shalom Ntahobali, l’ex-maire de Ngoma Joseph Kanyabashi et l’ex-maire de Muganza Elie Ndayambaje.

Le procès se déroule devant la deuxième chambre de première instance du TPIR présidée par le juge tanzanien William Hussein Sekule, et composée en outre des juges, malgache Arlette Ramaroson, et lesothan Winston Churchill Matanzima Maqutu.

BN/AT/GF/FH (BT-0319A)