"Moi je vous dis que la guerre est autre chose. En racontant ce qu'on a vécu pendant la guerre, on peut oublier ou alors se rappeler de ce qu'on avait oublié. Et même ici devant la chambre, je peux oublier certaines choses, ou alors me souvenir D'autres que je n'avais pas déclaré auparavant" a déclaré le témoin, à l'intention de l'avocate guinéenne, Me Aicha Condé.
"Je ne sais pas si vous avez vécu la guerre, Maître, si on vous posait ces questions, vous ne sauriez vous rappeler de tout en détail. Et je suis sûr que si on vous retirait cette déclaration que vous avez lue très souvent, vous ne serez pas en mesure de vous rappeler tout ce qui s'y trouve" a argumenté le témoin.
Dénommé "GEE" pour protéger son anonymat, le témoin est un Tutsi rescapé des massacres perpétrés le 12 avril 1994 à la paroisse protestante de Gikomero. Il a affirmé que c'est l'accusé qui a ordonné ces massacres.
En plus des effets de la guerre, le témoin a allégué que les enquêteurs du parquet n'ont pas transcrit fidèlement ce qu'il leur avait déclaré. "GEE" a indiqué qu'il ne savait ni lire ni écrire.
La Chambre a demandé à la défense de "matérialiser" les passages qui contenaient des incohérences et contradictions et de soumettre la déclaration du témoin comme pièce à conviction. Jeudi matin, le Tribunal entendait la déposition du neuvième témoin de l'accusation. Il témoigne sur les mêmes faits que GEE.
Le procès se déroule devant la deuxième chambre de première instance du TPIR présidée par le juge tanzanien William Hussein Sekule, et composée en outre des juges, malgache Arlette Ramaroson, et lesothan Winston Churchill Matanzima Maqutu.
BN/AT/PHD/FH (KH_0920A)