Le témoin a signalé que quand l'accusé rencontrait une victime potentielle sur la route, il la conduisait en un endroit sûr. Certaines personnes mises à l'abri par Hassan Ngeze ont traversé la frontière rwandaise et se sont réfugiées dans l'ex-Zaïre, a-t-il dit.
Plusieurs témoins du parquet ont affirmé que Hassan Ngeze a participé à des attaques contre des Tutsis et tué de sa propre main. Le témoin DM, un Tutsi de trente neuf ans, a affirmé qu'au moins trois témoins de l'accusation s'étaient vantés D'avoir fait de faux témoignages contre Ngeze, à leur retour D'Arusha.
DM a indiqué que des témoins rwandais du parquet avaient été recrutés par l'association de rescapés du génocide Ibuka (Souviens-toi) et qu'ils rendaient compte de leurs dépositions à ses représentants.
Le témoin a estimé que l'une des preuves que Hassan Ngeze entretenait des bonnes relations avec les Tutsis était le fait que lors de la création de son premier journal, son partenaire, un certain Vincent Rwabukwisi, appartenait à ce groupe ethnique.
Hassan Ngeze a D'abord travaillé au journal Kanguka avant de créer sa propre publication, Kangura.
Le témoin a affirmé que des soldats avaient fouillé au moins une fois le domicile de Hassan Ngeze, pour vérifier s'il cachait des Tutsis. Le témoin a rapporté que l'accusé avait été mis en prison après le 6 avril 1994 sur ordre du commandant militaire de Gisenyi, le lieutenant-colonel Anatole Nsengiyumva, avec qui il avait un conflit, a-t-il dit. Anatole Nsengiyumva est également détenu à Arusha.
Hassan Ngeze est coaccusé avec l'ancien promoteur de la Radio-télévision libre des Mille Collines (RTLM), Ferdinand Nahimana, et l'ancien conseiller politique au ministère des affaires étrangères et membre du comité D'initiative de la RTLM, Jean-Bosco Barayagwiza. Ce dernier boycotte le procès depuis son ouverture sur le fond en octobre 2000, arguant que le TPIR est manipulé par le gouvernement rwandais.
Un tribunal inquisitoire, selon la défense
Le procès se déroule devant la première chambre de première instance du TPIR présidée par la juge sud-africaine Navanethem Pillay, et comprenant en outre les juges norvégien Erik Mose et sri-lankais Asoka de Zoysa Gunawardana.
l'avocat canadien Me René Martel, co-conseil de Hassan Ngeze, s'est à un moment donné plaint D'une question que venait de poser le juge Mose au témoin DM acquis désormais à la cause de la défense. Me Martel estimait que "M. le juge Mose se fait l'accusateur dans cette affaire. [...] Je ne crois pas que quelque juge que ce soit peut reprendre un interrogatoire au complet". l'avocat a suggéré que le TPIR ne devait pas procéder à la manière D'un tribunal de type inquisitoire.
"C'est une intervention tout à fait inappropriée, Me Martel", a fait remarquer la présidente de la chambre, ajoutant que les juges ont le droit de poser des questions chaque fois qu'ils l'estiment nécessaire.
En fin D'audience, Hassan Ngeze a demandé au Tribunal de se pencher sur le conflit qu'il a depuis plusieurs mois avec ses avocats. l'ancien journaliste a déclaré au passage qu'il avait l'intention de témoigner dans son propre procès mais qu'il ne souhaitait pas être interrogé par ses défenseurs actuels. Hassan Ngeze répète souvent qu'il a perdu confiance en son conseil principal, l'Américain Me John Floyd et en son autre conseil Me Martel. l'ancien journaliste a, à la même occasion, réclamé la réinstallation de ses enquêteurs, dont les contrats ont été résiliés il y a neuf mois. Hassan Ngeze estime que sa déposition durera vingt jours.
La présidente de la chambre a répondu que les problèmes en rapport avec la déposition de Ngeze seront examinés quand le procureur aura fini de présenter sa cause, tandis qu'il a été instruit à un agent du greffe de donner les informations disponibles à la chambre, concernant le dossier des enquêteurs de la défense de Hassan Ngeze.
AT/PHD/FH (ME_0912B)