Laurent Semanza est jugé par la troisième chambre de première instance du Tribunal pénal international pour le Rwanda (TPIR) présidée, dans cette affaire, par le juge russe Yakov Ostrovsky. La chambre comprend en outre les juges jamaïcain, George Wiliams, et slovène, Pavel Dolenc.
l'ancien maire répond de 14 chefs D'accusation portant sur les massacres de Tutsis dans les communes de Gikoro et Bicumbi. Il plaide non coupable.
Le procès a été suspendu après l'audition D'un seul témoin, le policier canadien Pierre Duclos, qui enquête au Rwanda depuis 1997, pour le compte du parquet.
Pierre Duclos a réalisé trois cassettes vidéo, qu'il a montées sur demande de l'accusation, " afin D'y enlever certaines parties qui révéleraient l'identité de certains témoins protégés", a-t-il dit.
Une quatrième cassette, non réalisée par le témoin, mais copiée par lui pour le compte du Tribunal, se trouve également dans les mains de l'accusation. La défense a contesté l'authenticité de ces documents.
"Nous demandons que les cassettes originales, non éditées, vous soient remises, Messieurs de la Cour, de même que l'original de la quatrième qu'on dit n'être pas l'oeuvre du témoin, afin que vous constatiez les manipulations. Et comme les pièces manipulées ne peuvent pas servir au débat, elles devraient être retirées du dossier" a plaidé l'avocat béninois Me Sadikou Alao, co-conseil dans l'affaire Semanza, au cours du contre-interrogatoire.
Me Alao qui a, par la suite, introduit une requête orale en récusation du témoin Duclos, a affirmé qu'on a assisté dans certaines affaires devant le TPIR à des falsifications de la preuve, sans donner davantage de précisions.
l'avocat béninois a demandé à la chambre D'examiner minutieusement les originaux des cassettes, pour apprécier "la moralité du témoin".
Pierre Duclos est connu dans les milieux des avocats qui exercent au TPIR pour avoir été notamment cité dans "l'affaire Matticks" au Canada, dans laquelle il y aurait eu des soupçons de fabrication de la preuve.
Pierre Duclos était le "gardien" de la maison de détention de l'ancien premier ministre rwandais, Jean Kambanda, avant qu'il ne plaide coupable de génocide et de crimes contre l'humanité en première instance. Plus tard, le repenti a demandé à la chambre D'appel de reconsidérer son plaidoyer. l'affaire est encore en délibéré.
BN/AT/PHD/FH (SE%1017A)