06.09.2000 - TPIR/BAGILISHEMA - LE PARQUET N'A PAS ETAYE LES CHARGES, SELON LA DEFENSE

Arusha 6 septembre 2000 (FH) - Les avocats de l'ancien maire de Mabanza (préfecture de Kibuye, ouest du Rwanda), Ignace Bagilishema, ont affirmé mercredi que le parquet n'a apporté aucune preuve étayant les charges retenues contre leur client. Reprenant l'une après l'autre les accusations portées contre l'ancien maire, la défense a indiqué qu' "aucun témoin n'est venu étayer à la barre les accusations contenues dans l'acte D'accusation".

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La défense de Bagilishema en outre plaidé que là où il semble y avoir témoignage, les témoins sont en contradictions avec eux-mêmes ou incohérents.

Le conseil principal, l'avocat français, Me François Roux, a notamment indiqué qu'il avait été surpris par les allégations selon lesquelles l'accusé agissant de concert avec D'autres personnes dont l'ancien parlementaire Cyprien Munyampundu, aurait tenu des réunions entre avril et juin 1994, pour inciter les Hutus à tuer les Tutsis.

Me Roux a relevé qu'un témoin expert cité par le parquet, le sociologue français André Guichaoua, avait rapporté que Munyampundu avait été évacué de Kigali sur Bujumbura (Burundi) aux premières heures du génocide.

La défense a par ailleurs mis en cause les charges selon lesquelles l'accusé aurait ordonné l'érection des barrages routiers dans toute la commune de Mabanza pour sélectionner les Tutsis et les tuer. Me Roux a expliqué qu'il y avait seulement une barrière officielle à Mabanza, ajoutant que l'accusé avait ordonné la suppression de toutes les barrières non autorisées.

La défense a affirmé que l'accusation n'avait apporté aucune preuve que quelqu'un aurait été tué aux barrières en commune Mabanza, ni que des Tutsis avaient été détenus au cachot communal sur ordre de Bagilishema, pour être livrés par la suite aux tueurs.

Me Roux a particulièrement contesté la crédibilité de trois témoins de l'accusation détenus au Rwanda, qui avaient déclaré devant le Tribunal pénal international pour le Rwanda (TPIR) qu'ils avaient tué sur ordre de Bagilishema. Ces détenus ont par ailleurs plaidé coupable devant les juridictions rwandaises.

Outre les contradictions et les omissions relevées dans leurs témoignages, Me Roux a indiqué que les déclarations faites au cours de leurs aveux de culpabilité au Rwanda ne correspondaient pas à celles faites devant le TPIR. "Quelqu'un qui reconnaît un crime ne peut à notre sens être de bon caractère au sens où la loi l'entend", a en outre noté Me Roux.

l'avocat français a ajouté que, mis à part le fait que l'aveu de culpabilité au Rwanda leur évitait la peine de mort, "si en plus ils accusent quelqu'un qui est devant le Tribunal pénal international pour le Rwanda, vous imaginez bien que la justice de leur pays leur en sera reconnaissante. C'est pourquoi je vous dis que leur témoignage soulève une grande difficulté".

M. Roux a souligné que l'un D'entre eux avait été auparavant condamné à vingt ans de prison tandis que les aveux D'un deuxième avaient été effectifs un mois et demi après sa déposition devant le TPIR.

La plaidoirie de la défense devrait se poursuivre jeudi matin. Le parquet a requis l'emprisonnement à vie pour l'ancien maire de Mabanza. La défense demande l'acquittement.

BN/AT/PHD/FH(BS%0906A)