A la mi-mai, elle avait passé une nuit chez Bagilishema, alors qu'elle était de passage en provenance de Kigali, la capitale, pour rejoindre son mari qui avait pris refuge à Mabanza quelques jours plus tôt.
"Elle m'a dit que la nuit, elle avait vu des Tutsis chez Bagilishema", a dit le témoin. "A cette époque là", a-t-il ajouté, "il lui était aussi reproché de donner aux Tutsis des cartes D'identité avec mention hutue, afin qu'ils puissent passer les barrières et fuir". "Un de mes amis a D'ailleurs obtenu de lui une carte pour sa belle-mère qui ainsi a pu fuir", a-t-il affirmé.
Un autre témoin nommé ""ZJ", entendu mercredi après-midi, a abondé dans le même sens, en affirmant qu'au mois de mai 1994, Bagilishema avait donné une fausse carte D'identité à la femme tutsie de son beau-frère, afin qu'elle puisse "passer les barrières de Kigali à Kibuye".
Ce témoin , en plus des réunions évoquées par ceux qui l'ont précédé à la barre, a dit avoir participé en mai 1994 au bureau communal de Mabanza, à une autre réunion organisée par Bagilishema à l'intention des membres des comités de tous les partis politiques implantés dans la commune.
"Le thème de la réunion était de ramener la paix et la sécurité dans la commune", a-t-il dit, avant D'expliquer qu'au cours de cette réunion, "Bagilishema a lancé un message de paix, invitant la population à veiller à la sécurité des rescapés et aux biens de ceux qui avaient fui et il a annoncé son intention de faire le tour des secteurs pour y sensibiliser la population".
Le témoin"ZJ" a par ailleurs affirmé que la police communale de Mabanza en collaboration avec la population, sont parvenus à mettre en échec deux attaques menées par les assaillants "Abakiga" venant du Nord, mais que ces derniers ont fini par réussir des actions de pillage à Mabanza, avec l'appui de gendarmes venus de Kibuye après échanges de coups de feu.
Ignace Bagilishema est poursuivi notamment pour génocide, complicité en vue de commettre le génocide, incitation au génocide, divers crimes contre l'humanité, et des crimes de guerre.
Son procès a commencé le 27 septembre 1999. La défense de Bagilishema a commencé à présenter ses moyens de preuve depuis le 25 avril et a jusque là cité sept témoins, tous protégés.
CR/PHD/FH (BS%0503A)