Si tout se passe comme prévu, la Coalition des mouvements de l'Azawad (CMA), un mouvement rebelle à dominante touareg du nord du Mali, apposera sa signature au bas de l'Accord de paix et de réconciliation d'Alger le samedi 20 juin, à Bamako.
Le gouvernement malien, qui veut bien croire en la bonne foi de la CMA, a déjà annoncé une série d'initiatives destinées à raffermir le processus de paix dès que cette étape sera franchie, selon Studio Tamani, un projet de la Fondation Hirondelle qui crée et gère des médias indépendants dans des pays en conflit.
« Le gouvernement s'attellera à l'opérationnalisation de la Commission Vérité, Justice et Réconciliation, l'organisation de la Conférence d'entente nationale et l'élaboration d'une Charte nationale pour la paix, l'unité et la réconciliation nationale », promet le Premier ministre Modibo Keïta. Bamako s'engage par ailleurs à entreprendre « la valorisation du statut des autorités traditionnelles, l'adoption de la loi 2012 - 025 du 12 juillet 2012 portant indemnisation des victimes de la rébellion du 17 janvier 2012 et du mouvement insurrectionnel du 22 mars 2012 ». Sont également prévues « la tenue des assises sur le nord du Mali, l'organisation des foras locaux, régionaux et nationaux et de rencontres intercommunautaires et intra-communautaires », toujours selon le Premier ministre.
« IBK » balaie tout pessimisme
Mais au Mali, certaines voix doutent que la CMA qui contrôle aujourd'hui la ville de Kidal soit vraiment animée de la volonté de mettre fin au conflit armé. Comme pour placer la coalition touareg devant ses responsabilités, le président Ibrahim Boubacar Keïta balaie ce pessimisme et appelle déjà la communauté internationale à apporter son soutien après la signature du 20 juin. « Nous avons l'espoir très fort que le 20 juin, ici -même à Bamako, en ce lieu -même, que nos frères qui ne l'ont pas encore fait viendront apposer leur signature au bas de l'accord de paix, scellant ainsi la fin d'un processus officiel et théorique », a déclaré le chef de l'Etat qui s'exprimait, selon Studio Tamani, lors d'une rencontre la semaine entre la Mission des Nations unies au Mali (MINUSMA) et les leaders religieux du pays. Le président « IBK » a néanmoins reconnu que la suite « ne sera pas de tout repos ». « Nous aurons besoin, avec modestie, avec humilité, avec foi en la solidarité humaine, nous aurons besoin encore de l'accompagnement et de la MINUSMA et de l'ensemble de la communauté internationale », a-t-il ajouté.
Le gouvernement malien a paraphé l'Accord de paix et de réconciliation d'Alger le 1er mars avant de le signer le 15 mai à Bamako, avec certains groupes rebelles.
Les exigences de l'Azawad
Pour leur part, trois des cinq membres de la Coordination des mouvements de l'Azawad (CMA) avaient refusé de signer, exigeant des discussions supplémentaires. Ils ont annoncé le 5 juin à Alger, au terme de nouveaux pourparlers avec Bamako, qu'ils signeraient définitivement l'accord le 20 juin.
Le texte prévoit la création d'Assemblées régionales mais, comme le souhaitait Bamako, ni autonomie ni fédéralisme. La CMA réclamait la « reconnaissance officielle de l'Azawad comme une entité » gérée par une assemblée interrégionale, et un quota de « 80% de ressortissants de l'Azawad » dans les forces de sécurité.
Le nord du Mali est tombé en 2012 sous le contrôle de groupes jihadistes liés à Al-Qaïda, après la déroute de l'armée face à une rébellion, d'abord alliée à ces groupes qui l'ont ensuite évincée.
Les jihadistes ont été dispersés et partiellement chassés de cette zone par une opération militaire internationale lancée en janvier 2013 à l'initiative de la France, et toujours en cours. Mais d'entières portions du territoire échappent encore au contrôle de Bamako.