Le Conseil de sécurité de l'ONU s'est réuni mercredi à huis clos pour évoquer la situation humanitaire dans la région du Tigré en Ethiopie, l'ensemble de ses membres souhaitant l'octroi de davantage d'accès pour venir en aide aux populations, selon des diplomates.
"Tout le monde a dit qu'il fallait plus d'accès humanitaire", a indiqué un diplomate sous couvert d'anonymat.
Demandée par l'Irlande, l'Estonie, la France, la Norvège, le Royaume-Uni et les Etats-Unis, la session n'a pas donné lieu à une déclaration. Personne n'a essayé d'en avoir une, a précisé le même diplomate, tandis qu'un autre affirmait que les membres africains du Conseil avaient, avant la réunion, dit qu'ils s'y opposeraient, jugeant que ce serait contre-productif.
Depuis le déclenchement en novembre d'une opération militaire de l'armée éthiopienne au Tigré, le Conseil de sécurité n'a tenu que peu de réunions sur ce dossier, miné par des divisions entre notamment Africains, jugeant qu'il s'agit d'une affaire intérieure, et Occidentaux pour qui la situation humanitaire et l'afflux de réfugiés au Soudan voisin imposent d'impliquer l'instance chargée de la paix et de la sécurité dans le monde.
Une première réunion à huis clos s'était tenue le 24 novembre, sans production d'une déclaration commune, une deuxième le 14 décembre, également à huis clos et sans texte conjoint.
A la mi-décembre, le secrétaire général de l'ONU, Antonio Guterres, avait annoncé la conclusion d'un deuxième accord en une semaine avec les autorités éthiopiennes, garantissant en principe "un accès total" à l'ensemble du pays.
Mais aujourd'hui, les possibilités d'acheminer de l'aide restent très faibles, comme l'a reconnu mercredi le porte-parole de l'ONU, Stéphane Dujarric.
"Très peu est autorisé à entrer" et "ce dont nous avons besoin, c'est de pouvoir simplement y entrer sans entrave, sans avoir à négocier pour chaque camion, pour chaque carton" d'aide, a-t-il dit lors de son point-presse quotidien.
"Nous travaillons en coopération avec le gouvernement, et c'est leur pays... nous devons passer par eux, et c'est ainsi que cela devrait être. Mais il y a un besoin humanitaire grave au Tigré, et à ce stade, nous ne sommes pas en mesure d'atteindre les personnes qui doivent être atteintes", a ajouté le porte-parole.
Cette semaine, plusieurs hauts responsables de l'ONU se sont rendus en Ethiopie pour tenter d'obtenir davantage d'accès.
Après le Haut-Commissaire de l'ONU pour les Réfugiés Filippo Grandi et le sous-secrétaire général de l'ONU à la Sécurité Gilles Michaud, une visite du patron du Programme alimentaire mondial David Beasley est prévue ces jours-ci, selon des diplomates.
Pour Akshaya Kumar de l'ONG Human Rights Watch, "le Conseil de sécurité devrait tenir une séance publique suivie d'une résolution ferme exigeant la fin de l'obstruction à l'aide et une enquête immédiate sur les crimes de guerre" qui auraient été commis en Ethiopie.