Il s'agit de l'ancien directeur de la Radio-télévision libre des mille collines (RTLM), Ferdinand Nahimana, et de l'ex-rédacteur de la revue extrémiste Kangura, Hassan Ngeze.
"On ne fait pas de procès à la presse, on fait des procès à des personnes physiques, à des accusés, et les preuves on va les donner" a poursuivi le procureur Del Ponte.
Carla Del Ponte réagissait ainsi à l'argumentation de l'avocat français de Ferdinand Nahimana, Me Jean-Marie Biju-Duval, selon lequel "on peut craindre que des préoccupations politiques ou médiatiques puissent l'emporter sur le souci de rechercher la justice".
Me Biju-Duval a soutenu que "Ferdinand Nahimana ne doit pas être le bouc émissaire D'un procès qui ne peut avoir lieu", accusant le procureur de n'avoir pas cherché véritablement à organiser un grand procès des médias du génocide. Ce procès aurait pu comprendre notamment certains journalistes de Radio Rwanda, ainsi que de la Radio Muhabura appartenant à l'ex-rébellion, a dit Me Biju-Duval.
l'avocat français a indiqué que dans le présent procès, on n'a pas affaire à des criminels mais à des accusés présumés innocents.
Justifiant la demande de jonction, le substitut indien du procureur Sankara Menon a affirmé que Hassan Ngeze et Ferdinand Nahimana ont participé à une même entreprise criminelle.
"Nous alléguons que la création de la radio RTLM, ainsi que celle du journal Kangura, font partie D'uneentente en vue de commettre le génocide" a expliqué Sankara Menon. Le représentant du parquet a ajouté que la RTLM et le journal Kangura ont été utilisés à cette fin.
"Il y a eu entente. Nous disons que pour démontrer pareille entente, il faudrait joindre leurs instances", selon Sankara Menon.
l'avocate congolaise de Hassan Ngeze, Me Annick Patricia Mongo, et Me Biju-Duval se sont opposés à la requête en jonction, arguant que le parquet n'en fournissait pas de preuves "prima facie".
Me Mongo a par ailleurs qualifié la requête du parquet de prématurée, invitant le Tribunal à surseoir à la procédure, en attendant une décision de la chambre D'appel saisie par la défense des deux accusés, qui contestent les actes D'accusation modifiés le 5 novembre dernier.
Jeudi, Ferdinand Nahimana et Hassan Ngeze ont plaidé non coupables sur la base de ces nouveaux actes. Hassan Ngeze avait refusé de plaider, estimant qu'il serait "sage D'attendre la décision de la chambre D'appel" Le Tribunal a considéré qu'à défaut de plaider, l'ancien rédacteur en chef de Kangura, a plaidé non coupable.
Le Tribunal avait auparavant entendu une requête en "extrême urgence" de la défense de Hassan Ngeze, récusant trois juges de première instance.
Hassan Ngeze reproche notamment à la juge sud-africaine Navanethem Pillay et à ses collègues les juges norvégien Eric Mose et sri lankais Asoka Gunawardena, D'avoir réintroduit le chef de génocide dans son nouvel acte D'accusation, présumant qu'ils ont examiné les éléments justificatifs qu'y avait joint le procureur.
Hassan Ngeze douterait ainsi de leur impartialité au cours du procès. Les juges ont indiqué qu'ils ne se sont pas servis des éléments en question, lors de la modification de cet acte.
A la juge Pillay en particulier, Hassan Ngeze a reproché D'avoir émis une opinion négative sur certains médias dont Kangura, dans le jugement de l'ancien maire de Taba (préfecture Gitarama, centre du Rwanda), Jean-Paul Akayesu, le 2 septembre 1998.
La juge Pillay qui présidait les débats a indiqué "que chaque affaire est jugée sur la base des éléments de preuves présentés"
AT/PHD/FH (ME§1125A )