Ignace Bagilishema répond de sept chefs D'accusation de génocide et de crimes contre l'humanité, portant sur des massacres de Tutsis dans les communes de Mabanza, Gitesi, Gishyita et Gisovu en préfecture de Kibuye.
Les deux enquêteurs se sont particulièrement intéressés au bureau communal de Mabanza, ainsi qu'à trois lieux de la ville de Kibuye : le stade Gatwaro, le home Saint-Jean, et l'église catholique, où "plusieurs milliers de Tutsis ont pris refuge sur instruction des autorités, pour ensuite y être massacrés", ont-ils dit. Selon Antonius Lucassen, les témoins estiment à vingt mille le nombre de Tutsis tués au bureau communal de Mabanza et dans ses environs.
Les deux enquêteurs ont montré plusieurs fosses communes et des sites où des barrages routiers auraient été érigés au moment des faits allégués. Des Tutsis étaient sélectionnés aux barrières, sur la base de leurs cartes D'identité, puis tués par des miliciens, ont-ils expliqué.
Contre-interrogé par la défense, Antonius Lucassen a indiqué que le nombre de victimes ainsi que l'identité des personnes enterrées dans des fosses communes lui sont inconnus. Allagouma Adamou n'a pas encore répondu aux questions des avocats.
Ignace Bagilishema est représenté par les avocats français, Me François Roux, et mauritanien, Me Maroufa Diabira. l'accusé devrait présenter une défense D'alibi.
Les juges devraient se rendre au Rwanda à partir du 1er novembre pour visiter les sites des crimes allégués. Le procureur devrait présenter vingt neuf témoins dont un expert en sociologie, le professeur français, André Guichaoua de l'Université de Lille.
André Guichaoua a déjà témoigné dans D'autres affaires concernant Kibuye. Il s'agit du procès conjoint de l'ancien préfet, Clément Kayishema, et de l'homme D'affaires Obed Ruzindana, ainsi que celui de l'ex-directeur de l'usine à thé de Gisovu, Alfred Musema.
André Guichaoua devrait notamment évoquer la structure administrative du Rwanda en 1994. Le parquet affirme que par ses actes ou omissions, l'accusé était partie prenante D'un plan conçu au niveau national et exécuté jusqu'à la base.
La défense plaide que "le fait qu'il y ait eu génocide au Rwanda et autres violations graves du droit humanitaire ne signifie pas que l'accusé y ait pris part, avec le seul argument qu'il était bourgmestre [maire], hutu, nommé par le président de la république"
CR/AT/PHD/FH (BS§1029A )