"Nous avons des indications comme quoi cette structure contribue activement" à la guerre, a poursuivi Martin Ngoga, qui est également conseiller chargé des affaires juridiques à l'ambassade du Rwanda en Tanzanie.
"Nous n'avons pas de preuves évidentes, mais nous avons des indications", a précisé le diplomate rwandais, qui a ajouté: "Nous espérons les montrer dans le futur". "A l'instar des autres qui partagent la même idéologie, ces détenus financent les combats", a ponctué Martin Ngoga.
Le Rwanda est engagé dans la guerre en République démocratique du Congo (RDC), arguant qu'il poursuit ainsi les soldats de l'ancienne armée et les miliciens de l'ex-parti présidentiel, les Interahamwe, accusés d'avoir participé au génocide anti-tutsi et aux massacres d'opposants en 1994.
Martin Ngoga n'a pas donné les noms de détenus suspectés de financer la guerre contre le Rwanda, mais il a indiqué que ces informations émanent notamment des combattants capturés sur le champ de bataille en RDC. Un détenu, considéré comme indigent par le TPIR, exploiterait un avion commercial, a affirmé Martin Ngoga.
L'officiel rwandais réagissait à un récent rapport des services de contrôle interne des Nations unies accusant notamment certains avocats de la défense au TPIR et au Tribunal pour l'ex-Yougoslavie de partager les honoraires avec les clients ou de leur offrir des cadeaux.
"Nous sommes heureux que ce rapport soit sorti", a déclaré Martin Ngoga, expliquant qu'il contient des allégations que la gouvernement rwandais avait lui-même soulevées dans le passé. Le gouvernement rwandais s'était notamment plaint du recrutement des enquêteurs rwandais membres des équipes de défense. Le rapport de l'ONU conclut que certains enquêteurs seraient des amis des détenus ou des membres de leurs familles.
Le représentant du Rwanda au TPIR a indiqué que son gouvernement ne voudrait pas s'immiscer dans le recrutement des enquêteurs de la défense, mais a encouragé le Tribunal à faire des investigations nécessaires avant de leur accorder un contrat de travail.
"Il y a trois personnes parmi les enquêteurs actuels de la défense qui sont dans la première catégorie" des personnes poursuivies par Kigali pour génocide au Rwanda, a dit Martin Ngoga. "La prochaine fois, nous allons citer les noms", a-t-il dit.
"Nous ne disons pas qu'ils sont coupables", a poursuivi l'officiel rwandais qui a expliqué que la liste de suspects établie par Kigali vise à "alerter le monde". Des personnes figurant sur cette liste ne devraient pas être autorisés à travailler pour l'ONU, a argumenté Martin Ngoga.
AT/PHD/FH (RW0328A)