« Il a été amplement documenté qu’environ 250.000 femmes tutsies ou hutues modérées ont été systématiquement violées et ont subi des agressions sexuelles dans le cadre de la conspiration du génocide », indique la lettre d’information du TPIR du mois de juin 2007. Selon l’Association rwandaises des veuves du génocide (AVEGA), un tiers de ces femmes violées pendant le génocide ont, de ce fait, attrapé le virus du SIDA. Certaines de ces victimes sont venues au TPIR raconter, dans le cadre de témoignages à charge, cette douloureuse expérience. Ce genre de déposition se fait généralement dans l’anonymat, le témoin étant caché du public par un rideau. Quand il le faut, le témoignage peut être recueilli entièrement à huis clos. Ces victimes ayant déposé devant le TPIR bénéficient d’une certaine prise en charge socio- médicale et psychologique de la part du tribunal, selon la lettre d’information. Mais celles qui n’ont jamais eu de rencontre avec la juridiction doivent lutter, presque toutes seules et dans le silence, contre les séquelles du viol. Lors d’une visite aux Nations Unies et au TPIR en juin dernier, Théodore Simburudali, le président d’Ibuka, la principale organisation de rescapés du génocide et Mme Bellancilla Umukobwa, présidente d’AVEGA , ont interpellé la communauté internationale sur le sort des victimes. De fait, le TPIR qui, comme d’autres tribunaux ad hoc n’a pas prévu de place pour les parties civiles, juge et ne répare pas. « Les victimes vivent dans des conditions de vie inhumaines (…) il est plus que temps de faire quelque chose », écrivaient M.Simburudali et Mme Umukobwa dans une lettre au Secrétaire général de l’ONU. « Les Nations Unies se sont uniquement souciées de la répression des coupables », ajoutait la lettre. S’il ne répare pas les dommages subis, le TPIR peut cependant se targuer d’être la première juridiction internationale à avoir établi le précédent selon lequel le viol, lorsqu’il est commis dans l’intention d’éliminer, en tout ou en partie, un groupe racial ou ethnique, constitue un crime de génocide ou un crime contre l’humanité. Sur les 28 personnes condamnées à ce jour par le TPIR, quatre l’ont été notamment pour des viols qu’ils ont commis en personne ou auxquels ils ne se sont pas opposés alors qu’ils en avaient connaissance, selon le TPIR. De ces condamnés, c’ est l’ex- conseiller municipal à Kibuye (ouest), Mika Muhimana, qui est devenu le plus célèbre après avoir été reconnu coupable d’avoir violé 8 femmes. Parmi les accusés encore en procès figure Pauline Nyiramasuhuko, l’ex-ministre de la Famille et de la promotion féminine, une femme accusée notamment d’avoir incité au viol. Elle plaide non coupable. ER/AT/GF © Agence Hirondelle
10.07.07 - TPIR/GREFFE - ENVIRON 250.000 FEMMES VIOLEES PENDANT LE GENOCIDE, SELON LE TPIR
Arusha, 10 juillet 2007 (FH) - Quelque 250.000 femmes rwandaises, essentiellement d’ethnie tutsie, ont été violées pendant le génocide d’avril à juillet 1994, selon le Tribunal pénal international pour le Rwanda (TPIR) basé à Arusha, en Tanzanie.
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