Il a notamment cité un rapport du département d’Etat américain sur les tribunaux semi traditionnels gacaca affirmant qu’en 2006 « il y avait des préoccupations constantes parmi les observateurs et les analystes concernant un grand nombre de personnes qui ont fait un faux témoignage, malgré l’existence de dispositions réprimant cette pratique. »
Le spécialiste a rappelé que ces faux témoins étaient un « phénomène ancien très connu (…) que tout le monde reconnaît et qui inquiète beaucoup les gens y compris, je crois, les pouvoirs publics ». « Au Rwanda il y a des faux témoignages à charge et à décharge » a-t-il ajouté, citant un autre témoin-expert, le sociologue francais André Guichaoua.
« Les témoins, a-t-il ajouté, savent très bien ce que l’on attend d’eux, ils ne croient pas dans l’anonymat, lorsque des procureurs ou des enquêteurs les entendent, c’est en présence de traducteurs rwandais ». « En Belgique c’est en présence d’officiers de police judiciaires rwandais que les commissions rogatoires se font», a témoigné Reyntjens.
« Je sais que des témoins sont préparés avant de venir témoigner ici » a-t-il dit. « Il est extrêmement difficile dans ces circonstances là de dire quelque chose dont on sait que le pouvoir rwandais ne veut pas que ce soit dit » a ajouté l’historien. « Et je veux insister sur le fait qu’il s’agit d’un pouvoir totalitaire qui exerce un contrôle total sur la population et sur le territoire au Rwanda », a affirmé Reyntjens.
Le politologue belge, un des meilleurs spécialistes occidentaux du Rwanda, a été appelé à la rescousse par la défense de l'ex-maire de Ngoma, dans l'ancienne préfecture de Butare, Joseph Kanyabashi, en procès avec cinq autres accusés.
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