Le porte-parole du TPIR, Roland Amoussouga, a indiqué à l’agence Hirondelle que l’accusé, ex-ministre de la Jeunesse dans le gouvernement intérimaire en place pendant le génocide des Tutsis en 1994, avait été interpellé lundi à Kigoma dans l’ouest de la Tanzanie. Quatorze des 19 membres de ce gouvernement ont été arrétés par le TPIR. Sur ceux qui été jugés quatre, dont le premier ministre, ont été condamnés définitivement à la prison à vie et deux ont été acquittés.
Selon le représentant du Rwanda auprès du TPIR, M. Aloys Mutabingwa, cette arrestation est une "grosse capture". Le diplomate a salué la coopération entre la police tanzanienne et le TPIR. Pour le procureur du TPIR M. Hassan Abubacar Jallow, cette arrestation est "importante, au vu de son profil et du niveau de son implication dans le génocide". Des 6 personnes les plus recherchées afin d'être jugées par le tribunal international, il est le second a avoir été arrété aprés Augustin Ngirabatware, interpellé en septembre dernier en Allemagne. Un avion été envoyé afin de le récupérer et il devrait comparaitre dès mercredi afin d'être mis en accusation, a précisé le procureur.
L’acte d’accusation émis contre Nzabonimana date du 21 novembre 2001. Le document indique que « durant les événements de 1994, Callixte Nzabonimana a joué un rôle important dans la commission des massacres de Tutsis à Gitarama » (centre), sa région natale. « Il a fréquemment rendu visite aux bourgmestres (maires) pour organiser avec eux les massacres dans leurs communes. En outre, il a personnellement sillonné les collines en compagnie de paysans pour être sûr que ces derniers exécutaient bien les ordres qui ont leur ont été donnés de tuer les Tutsis », poursuit l’acte d’accusation.
Le procureur affirme que le gouvernement avait chargé Callixte Nzabonimana de « la pacification » dans Gitarama, un euphémisme, selon lui, pour désigner la supervision des massacres. L’accusation allègue que «entre avril et juillet 1994, à Gitarama, les bourgmestres (maires) qui avaient refusé d’exécuter les directives du gouvernement tendant à massacrer les Tutsis ou qui n’avaient pas montré de zèle dans l’exécution de ces directives, comme dans d’autres régions, se sont vus réprimandés ou même parfois molestés devant leurs administrés avant d’être limogés ou pire avant d’être liquidés physiquement. ».
«Ainsi, Callixte Nzabonimana, avec la participation des Interahamwe (miliciens) MRND, a publiquement battu le bourgmestre de Rutobwe dans les bureaux de sa commune. D’ailleurs Callixte Nzabonimana était le principal artisan des changements des bourgmestres à Gitarama, étant le seul ministre de cette région (sic) et celui chargé de la « pacification », stipule encore l’acte d’accusation.
Considéré comme un suspect important par le TPIR, Callixte Nzabonimana faisait partie des fugitifs pour lesquels le gouvernement avait dégagé des fonds allant jusqu’à cinq millions de millions pour récompenser quiconque offrirait des informations conduisant à leur arrestation. Au parquet du TPIR, il était également connu sous des sobriquets Bwarayaze, Bangamwaza ou Ephrem Kiloto. Il était supposé se cacher dans les forêts denses de la République démocratique du Congo (RDC) et certains affirmaient qu'il y avait trouvé la mort.
La dernière arrestation d’un suspect remonte au 16 octobre dernier. L’ancien sous-préfet de Gisagara (sud du Rwanda), Dominique Ntawukuriryayo, avait été appréhendé en France. Le dossier de son transfert à Arusha est en examen devant les tribunaux français. Cette dernière arrestation porte à 13 le nombre de personnes encore recherchées par le TPIR.
Depuis sa création en 1994, le TPIR a mis en accusation 90 personnes. Certaines ont été relâchées ou sont mortes. 35 ont été jugées, 27 sont en cours de jugement. Cette dernière arrestation porte à 10 le nombre de personnes attendant d'être jugées alors que le TPIR doit théoriquement avoir terminé ses procès en première instance le 31 décembre 2008.
AT-SC/PB/GF
© Agence Hirondelle