« C’était bien connu, les gendarmes ne s’entendaient avec les Interahamwe, ils n’émettaient pas sur la même longueur d’onde », a déclaré le témoin, lui-même ancien gendarme.
Désigné par le nom de code CBP-72 pour préserver son anonymat, il déposait pour la défense de l’ancien chef d’Etat-major de la gendarmerie nationale, le général Augustin Ndindiliyimana, accusé de crimes de génocide, de crimes contre l’humanité et de crimes de guerre.
Le procureur soutient que gendarmes, militaires et miliciens ont travaillé, main dans la main, à la perpétration du génocide de 1994 qui a fait, selon l'ONU, 800 000 morts, essentiellement parmi la communauté tutsie.
Le témoin a contesté cette thèse, affirmant, à titre d’exemple, que des gendarmes avaient repoussé en avril 1994 une attaque lancée par des Interahamwe sur des Tutsis qui avaient cherché refuge dans les locaux du collège Saint-André à Kigali. ""Ils (les interhamwe NDLR) occupaient les lieux où la gendarmerie n'était pas présente" a-t-il expliqué.
Il a ajouté qu’après le déclenchement du génocide, la gendarmerie ne pouvait plus procéder à des arrestations de malfaiteurs, car, a-t-il dit, partout, les gens fuyaient.
Au terme de cette déposition, les débats ont été ajournés à lundi prochain, le temps que de nouveaux témoins arrivent au siège du tribunal.
CBP-72 est le 24 ème témoin de la défense de Ndindiliyimana qui présente ses moyens de preuve depuis le 16 janvier. A la clôture de l’audience mardi en fin de matinée, Me Vincent Lurquin, le co-conseil du général, a indiqué qu’il avait renoncé à 4 témoins, sans préciser combien de personnes il entendait encore citer à la barre.
Ndindiliyimana est jugé avec trois autres officiers des anciennes Forces armées rwandaises (FAR) dont l’ex- chef d’état – major de l’armée rwandaise, le général Augustin Bizimungu qui a été le premier à citer ses témoins.
Après Ndindiliyimana, ce sera le tour de l’ex- commandant du bataillon de reconnaissance, le major Francois- Xavier Nzuwonemeye, de présenter sa défense. Enfin, viendra le capitaine Innocent Sagahutu qui commandait un escadron de cette unité d’élite.
Ouvert le 20 septembre 2004, le procès se déroule devant une chambre présidée par le juge sri-lankais, Joseph Asoka De Silva.
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