Plusieurs centaines de réfugiés érythréens ont manifesté vendredi devant le siège de l'Union africaine (UA) à Addis Abeba, pour demander à l'organisation panafricaine plus de fermeté à l'égard d'Asmara face aux violations des droits de l'homme dans le pays.
"L'Union africaine ferme les yeux sur les souffrances des Erythréens. Nous leur demandons [...] de reconnaître les abus perpétrés par le gouvernement érythréen", a expliqué Yohannes Asmelash, membre de l'opposition érythréenne exilé en Ethiopie.
Dans un rapport de 500 pages rendu public début juin, l'ONU a souligné les violations "systématiques et à grande échelle" des droits de l'homme -- cas de torture, exécutions, disparitions.. -- par le gouvernement d'Asmara qui poussent quelque 5.000 Erythréens à fuir leur pays chaque mois.
Les Erythréens sont, après les Syriens, le deuxième groupe le plus important de réfugiés à risquer leur vie en traversant la Méditerranée pour rejoindre l'Europe.
"Pourquoi les Erythréens partent-il vers l'Europe ? Ils partent parce que le régime érythréen les oppresse. C'est un problème politique, pas économique", s'emporte Tewolde Gebreselassie, un opposant.
"L'Union africaine doit prendre des mesures contre le régime, imposer un embargo et pousser à la démocratisation, comme l'ont fait les Nations unies", insiste-t-il.
Des pancartes sur lesquelles on pouvait lire "Non à l'impunité en Erythrée" et des portraits du président érythréen Issaias Aferworki demandant son renvoi devant la Cour pénale internationale (CPI) pour "crimes contre l'humanité" étaient visibles dans le cortège qui s'est arrêté devant les grilles de l'UA.
Le rassemblement s'est fait sous l'oeil bienveillant des forces de sécurité éthiopiennes qui tolèrent d'ordinaire difficilement les manifestations en faveur des droits de l'homme. L'Erythrée, qui a acquis son indépendance de l'Ethiopie en 1991, entretient des relations très tendues avec Addis Abeba depuis une guerre frontalière en 1998-2000.
"Je suis parti pour échapper au service national illimité", a encore témoigné Yohannes Yosief, un jeune Erythréen réfugié à Addis Abeba depuis cinq ans. "Une fois que vous êtes enrôlé dans le service national, il est impossible d'en sortir. Le seul moyen d'y échapper c'est de s'exiler", ajoute t-il.
Mercredi, le président de la Commission d'enquête sur les violations des droits de l'Homme en Erythrée avait demandé une enquête à l'ONU sur de possibles crimes contre l'humanité dans le pays de la Corne de l'Afrique.