Xinjiang: les eurodéputés enjoignent Bruxelles d'agir contre le "risque sérieux de génocide"

mrLe Parlement européen a fustigé jeudi Pékin en raison du "risque sérieux de génocide" au Xinjiang à l'encontre des minorités musulmanes de cette province chinoise, et a réclamé à Bruxelles de prendre des mesures pour mettre fin à leur répression.

A main levée, les eurodéputés, réunis dans l'hémicycle du Parlement européen à Strasbourg, ont de nouveau, comme ils l'avaient déjà fait fin 2020, "condamné fortement la répression de la communauté ouïghoure et des autres ethnies turques" dans la région du Xinjiang, évoquant "des crimes contre l'humanité et un risque sérieux de génocide".

Pékin nie toute répression à l'encontre de ces minorités de cette vaste région à l'extrême-est du pays, mais fin mai, une fuite de fichiers attribués à la police chinoise et publiés par un groupe de 14 médias internationaux a dévoilé des milliers de photos de détenus et des documents écrits accréditant l'idée d'une répression ordonnée depuis le sommet de l'Etat chinois.

"Le Parlement demande instamment à la Commission de proposer une interdiction d'importation de tous les produits fabriqués par le travail forcé et par les entreprises chinoises répertoriées comme exploitant le travail forcé", a réclamé l'institution européenne, selon un communiqué.

Fin décembre, le président américain Joe Biden a signé une loi interdisant l'importation aux Etats-Unis de produits qui seraient issus du travail forcé des Ouïghours en Chine, avec une attention particulière sur le coton, dont le Xinjiang est l'un des grands producteurs mondiaux, les tomates et le polysilicium (matériau-clé des panneaux photovonon ltaïques).

Dans leur résolution votée jeudi, non contraignante, les eurodéputés réclament également "l'adoption de sanctions supplémentaires visant les hauts fonctionnaires chinois identifiés dans les dossier de la police du Xinjiang".

Le Xinjiang, longtemps frappé par des attentats attribués à des séparatistes et des islamistes ouïghours, fait l'objet depuis plusieurs années d'une répression menée au nom de l'antiterrorisme.

Des études occidentales, menée par des ONG et services de renseignement, accusent la Chine d'avoir interné au moins un million de Ouïghours et de membres d'autres minorités musulmanes dans des camps de rééducation, voire d'imposer du "travail forcé" et des "stérilisations forcées".

"Dès lors que le risque de génocide est avéré, l'UE et les États membres doivent prendre toutes les mesures nécessaires pour y mettre fin, conformément à la convention des Nations unies sur les génocides. Ils n'ont pas le droit de regarder ailleurs, de faire comme si de rien n'était et poursuivre le business +as usual+ avec la Chine", a déclaré l'eurodéputé français Raphaël Glucksmann (S&D, gauche), à l'issue du vote.

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