Guerre en Ukraine : la situation sur le terrain au 107e jour

Les troupes de Kiev semblent perdre l'ascendant face à celles de Moscou, notamment à Severodonetsk, ville clé du Donbass, théâtre de violents combats, même si le président ukrainien Volodymyr Zelensky assurent que ses troupes "tiennent bon".

Voici un point de la situation au 107e jour de la guerre à partir d'informations des journalistes de l'AFP sur place, de déclarations officielles ukrainiennes et russes, de sources occidentales, d'analystes et d'organisations internationales.

- Front Est -

"Severodonetsk, Lyssytchansk et d'autres villes du Donbass, que les occupants considèrent maintenant comme leurs cibles, tiennent bon", déclarait jeudi le président Zelensky.

Mais le Palais des Glaces, un des symboles de Severodonetsk, a été détruit dans un incendie provoqué par les bombardements russes, a annoncé vendredi Sergueiï Gaïdaï, le gouverneur de la région de Lougansk.

Et toutes les zones résidentielles de la ville sont sous contrôle russe, selon les deux camps. "La Russie va vraisemblablement finir par prendre la poche de Severodonetsk" alors que les Ukrainiens subissent "de lourdes pertes", selon un responsable occidental.

De nouvelles offensives russes sont attendues depuis Izioum, qui devraient encore fragiliser la situation des forces ukrainiennes à Severodonetsk. Mais celles-ci continuent de s'y battre car le terrain urbain "favorise le camp qui défend", estime Gustav Gressel, analyste du Conseil européen sur les relations internationales (ECFR).

Alors que les Ukrainiens "ont une puissance de feu inférieure" à celle des Russes mais davantage d'hommes disponibles, ils peuvent attaquer les tanks de Moscou en ville où ils sont moins à découvert, explique-t-il.

Lyssytchansk, ville voisine de Severodonetsk, offre aussi "de fortes positions défensives", affirme M. Gressel, qui n'imagine toutefois pas les forces de Kiev résister plus de quelques semaines dans cette partie du Donbass.

Et le chercheur de s'"inquiéter" sur Twitter de l'impact de ces reculs, combinés à d'importantes pertes humaines, sur le moral des forces ukrainiennes, quand dans le même temps les soldats russes semblent avoir "regagné de la motivation".

- Front Sud -

L'armée ukrainienne a affirmé vendredi avoir frappé des positions ennemies dans la région de Kherson, en quasi-totalité sous contrôle russe et où Kiev redoute que Moscou organise un référendum en vue d'une annexion.

"Notre aviation a frappé des positions russes, des sites où se concentrent équipements et personnel et des dépôts autour de cinq localités de la région de Kherson", a indiqué l'état-major ukrainien, précisant que les troupes russes ont recours à des mines soviétiques datant des années 1950 pour se protéger d'une contre-attaque.

- Choléra -

La Russie "peine à apporter les services de base" à la population des territoires ukrainiens qu'elle contrôle, a assuré vendredi le ministère britannique de la Défense sur Twitter. "L'accès à l'eau potable est irrégulier, tandis que les services téléphoniques et internet continuent d'être fortement perturbés".

Kherson souffre ainsi d'une probable "pénurie chronique de médicaments" et Marioupol "risque de connaître une épidémie majeure de choléra" alors que des cas isolés sont signalés depuis mai, ajoute le ministère. L'Ukraine avait subi une épidémie de choléra majeure en 1995.

- Condamnés à mort -

Le Haut-Commissariat de l'ONU pour les droits de l'homme s'est dit préoccupé par la condamnation à mort par les autorités séparatistes prorusses de combattants étrangers ayant combattu aux cotés des Ukrainiens.

"Depuis 2015, nous avons observé que le soi-disant système judiciaire de ces républiques autoproclamées ne satisfont pas aux garanties essentielles d'un procès équitable (...). De tels procès contre des prisonniers de guerre constituent un crime de guerre", a déclaré une porte-parole, Ravina Shamdasani.

- Des dizaines de milliers de morts -

Il n'existe aucun bilan global des victimes civiles du conflit. Pour la seule ville de Marioupol (sud-est), tombée en mai au terme d'un terrible siège, les autorités ukrainiennes évoquent un bilan de l'ordre de 20.000 morts.

L'ONU a recensé vendredi 4.302 civils tués, dont 272 enfants, et 5.217 blessés (439 enfants), "mais les chiffres réels sont plus élevés".

Sur le plan militaire, un responsable occidental a évoqué jeudi pour la première fois de 15.000 à 20.000 soldats russes tués, quand les précédentes estimations des alliés de l'Ukraine étaient de 12.000 à 15.000 morts russes.

Les forces ukrainiennes perdent chaque jour jusqu'à 100 soldats tués et 500 blessés, a déclaré jeudi le ministre ukrainien de la Défense, Oleksiï Reznikov. Aucune statistique indépendante n'est disponible.

- Un tiers des Ukrainiens déplacés ou réfugiés -

Près de 5 millions d'Ukrainiens ont été enregistrés comme réfugiés dans 44 pays d'Europe depuis l'invasion russe du 24 février, a indiqué jeudi le Haut Commissariat pour les réfugiés (HCR) de l'ONU.

Ils sont bien plus à avoir quitté le pays: plus de 7,3 millions de passages sans retour avaient été enregistrés à la date du 7 juin aux frontières ukrainiennes. 2,3 millions sont rentrés, précise le HCR.

L'Organisation internationale pour les migrations de l'ONU (IOM) estime par ailleurs que plus de 8 millions d'Ukrainiens ont été déplacés à l'intérieur du pays.

Avant l'invasion russe, l'Ukraine comptait 37 millions d'habitants sans compter les territoires qui n'étaient plus sous le contrôle de Kiev depuis 2014 et l'annexion de la Crimée par la Russie.

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