Paris balaie la polémique après l'appel à "ne pas humilier" la Russie

La France veut la "victoire" de l'Ukraine et le "rétablissement" de son intégrité territoriale, a mis au point vendredi l'Elysée après la polémique déclenchée par les appels répétés du président Emmanuel Macron à "ne pas humilier" la Russie.

Le chef de l'Etat se rendra mardi en Roumanie, où des forces françaises sont stationnées, et mercredi en Moldavie, a par ailleurs annoncé la présidence française, sans confirmer si un déplacement en Ukraine voisine, très attendu, était également dans les tuyaux.

"Comme le président a eu l'occasion de le dire, nous souhaitons la victoire de l'Ukraine. Nous souhaitons que l'intégrité territoriale de l'Ukraine soit rétablie", a déclaré un conseiller présidentiel.

"La conquête militaire de territoires étrangers ne peut être acceptée à aucune condition", a-t-il insisté alors que les forces russes, entrées en Ukraine le 24 février, concentrent désormais leur offensive sur le bassin minier du Donbass, dans l'est du pays.

Emmanuel Macron a suscité une vague de critiques et d'incompréhension, notamment à Kiev, en appelant à ne "pas humilier la Russie" afin de pouvoir trouver, le jour où les armes se tairont, un "chemin de sortie" diplomatique.

La France, qui se pose en "puissance médiatrice", a alors été soupçonnée, notamment en Europe de l'Est, de vouloir obtenir un cessez-le-feu au prix de concessions à la Russie.

La paix devra être "négociée dans le respect du droit international, de la souveraineté de l'Ukraine", en ne laissant pas impunis les crimes de guerre commis par les Russes et en intégrant "le paiement de dommages de guerre", a souligné l'Elysée.

- "Enlever un argument à Poutine" -

D'autres Européens, des Britanniques aux Etats baltes, en appellent de leur côté à un soutien militaire occidental accru à l'Ukraine pour l'aider à remporter une "victoire totale" et à bouter les Russes hors du pays, y compris de la Crimée annexée en 2014.

Revenant sur "l'humiliation", l'Elysée a rapporté que le chef de l'Etat avait répondu au président Poutine, "qui explique que la guerre a lieu parce que la Russie avait été humiliée dans les années 1990, ce qui est un thème important de la propagande russe".

"Donc, au fond, le président enlève un argument au président Poutine", estime la présidence française

Emmanuel Macron, dont le pays assure la présidence tournante de l'UE jusqu'au 1er juillet, se rendra à Kiev au moment où ce sera "utile au président (ukrainien Volodymyr) Zelensky", a par ailleurs relevé l'Elysée.

Un tel déplacement pourrait être lié à l'évolution de l'examen de la candidature de Kiev à l'UE, qui devrait être discutée au sommet européen des 23 et 24 juin à Bruxelles.

La réponse des 27 dépendra de l'évaluation qui sera formulée d'ici là par la Commission européenne, a souligné l'Elysée, en esquissant des formulations qui pourraient permettre d'arriver à un compromis au sommet.

-Quel statut de candidat à l'UE ? -

"On peut avoir un statut de candidat mais à certaines conditions. On peut avoir le statut de candidat avec une date pour l'ouverture des négociations ou sans date. On peut avoir une clause de revoyure au Conseil", a relevé la présidence française.

Pour Paris, "il faut prendre en compte l'aspiration puissante de l'Ukraine à être reconnue comme un membre de la famille" mais sans remettre en cause le projet européen et sans faire des promesses d'adhésion qui ne pourraient être tenues.

"L'UE doit rester un projet politique robuste, solide (...) Il ne faut pas dissoudre l'UE", a insisté l'Elysée.

Le président Macron propose en attendant la création d'une Communauté politique européenne afin d'ancrer plus vite l'Ukraine à l'Europe.

La France s'est par ailleurs dite disponible pour aider à trouver une solution permettant de lever le blocus du port d'Odessa et d'exporter les céréales ukrainiennes, faute de quoi une famine menace dans certains pays d'Afrique et du Moyen-Orient.

L'idée est "de pouvoir faire passer des bateaux en dépit du fait que la mer est minée".

Le président Macron a mené une série de discussions en ce sens et est prêt à poursuivre ses efforts pour aboutir à un déblocage en lien avec l'Onu, a-t-on précisé dans son entourage.

La France plaide pour une résolution du Conseil de sécurité. Les Russes et les Turcs ne s'y disent pas opposés, a relevé l'Elysée.

Justice Info est sur WhatsApp
Découvrez notre première Chaîne WhatsApp et recevez, en temps réel, une notification pour chaque publication mise en ligne sur notre site, avec un résumé et des extraits ou citations. Chaque soir, vous aurez accès à notre revue des dépêches AFP du jour. Chaque fin de semaine, un récapitulatif de nos publications.