Plus de 4.000 victimes seront parties civiles au procès de l'ex-président tchadien Hissène Habré, prévu à partir du 20 juillet à Dakar pour "crimes contre l'humanité, crimes de guerre et crimes de torture", affirment lundi les avocats qui les représentent.
Le collectif d'avocats "représente plus de 4.000 victimes directes et indirectes" devant les "Chambres africaines extraordinaires", le tribunal spécial qui jugera l'ex-chef d'Etat, a affirmé sa coordinatrice, l'avocate tchadienne Jacqueline Moudeina, lors d'une conférence de presse à Dakar.
Le tribunal a également prévu "de faire comparaître 100 témoins (qu'il a) pris en charge", a-t-elle indiqué, estimant que ce procès "marquera un tournant pour la justice en Afrique et sonnera comme un signal d'alarme pour tous les dictateurs qui devront un jour être rattrapés par leurs crimes".
"Les preuves qui seront présentées au procès sont solides, surtout les documents de la DDS (Direction de la documentation et de la sécurité, police politique tchadienne) qui démontrent qu'il y avait un lien direct de supérieur à subordonné entre Habré et la direction de la DDS", a assuré l'avocate.
"Habré avait une connaissance parfaite des opérations menées par la DDS", a-t-elle insisté.
"Ce ne serait pas une violation de la loi si le tribunal ordonnait une comparution forcée de Hissène Habré", a de son côté indiqué Assane Dioma Ndiaye, autre avocat des victimes, qui craignent qu'il refuse de comparaître.
Les conseils de l'ex-président tchadien ont affirmé qu'il ne "reconnaît pas" le tribunal spécial devant lequel il avait refusé de parler, selon un des avocats, lors de sa présentation le 3 juin pour un "interrogatoire d'identité".
"Les victimes auraient souhaité le voir les yeux dans les yeux. Nous aurions souhaité, comme il dit qu'il n'est pas coupable, qu'il se disculpe", a dit M. Ndiaye.
Le tribunal spécial a été créé par l'Union africaine après la signature d'un accord avec le Sénégal en décembre 2012.
Il est présidé par le Burkinabè Gberdao Gustave Kam, assisté de trois juges sénégalais.
Hissène Habré a dirigé le Tchad de 1982 à 1990, date à laquelle il a été renversé par l'actuel président Idriss Deby Itno. Depuis sa chute, il vit en exil au Sénégal.
Il a été arrêté le 30 juin 2013 à Dakar, puis inculpé le 2 juillet 2013 par le tribunal spécial et placé en détention préventive.