Poursuivi pour crimes de génocide et crimes contre l'humanité, M. Nyirimanzi a affirmé devant la juridiction gacaca (prononcer gatchatcha) de Nyakabanda que les instructions de massacrer les Tutsis émanaient du préfet de Kigali à l'époque, Tharcisse Renzaho. « Faire exécuter ces instructions faisait partie de mon devoir et j'avais le sentiment de bien faire », a reconnu l'ancien conseiller de secteur.
Les crimes portés contre l'ex-conseiller sont très nombreux : tous les assassinats perpétrés dans son secteur pendant le génocide, élaboration de listes de personnes à tuer, réunions de préparation du génocide, campagne génocidaire et supervision des massacres, détention illégale et distribution d'armes, etc. Reconnaissant avoir présidé des réunions et donné des instructions en vue de l'élimination des Tutsis, il s'est cependant défendu d'avoir tué de ses propres mains.
« Vous ne me verrez nulle part en train de poignarder ou fusiller quelqu'un», a clamé M.Nyirimanzi. C'est ainsi qu'il a nié avoir directement trempé dans la mise à mort des enfants de Spéciose Mukakimenyi, ainsi que dans le meurtre de Léonidas Baganahe et de 3 jeunes filles tombées devant le bureau du secteur.
Jean de Dieu Kayitaba, condamné pour crimes de génocide, est pourtant formel : « Le fils de Spéciose, Mutama, s'est réfugié chez toi et personne ne l'a plus revu...si ce n'est dans la fosse commune, près de chez toi. Tu dois répondre aussi de la mort de Loti Bizimana et d'Ignace Ruhatana», a témoigné le condamné, s'adressant à l'accusé.
Lors de l'audience du 21 septembre, Nyirimanzi avait rejeté la responsabilité de tous ces assassinats sur ses subalternes, chefs de cellules, et requis leur comparution pour ce dimanche.
Mais personne n'est venu, même pas Yussuf Gatikabisi, un ancien responsable de cellule mis en cause dans de nombreux assassinats.
« Gatikabisi est juge dans la juridiction gacaca (voisine) du secteur Rwezamenyo », s'est indigné un témoin. « La juridiction de Rwezamenyo est passée maîtresse dans les acquittements ; même le procès Nyirimanzi, en révision ici, a commencé par là il y a près de 2 ans », a commenté un juge, sous couvert de l'anonymat.
Les débats reprendront dimanche prochain, avec, très probablement, l'audition des anciens responsables de cellule de nouveau convoqués.
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