Le groupe État islamique (EI) a franchi un nouveau cap dans l'horreur en décapitant en Syrie deux femmes accusées de sorcellerie, un pêché capital dans l'islam, tandis que des barils d'explosifs du régime tuaient mardi près de 30 personnes dans le pays.
C'est la "première fois" que l'organisation extrémiste sunnite, qui multiplie les exactions dans les zones sous son contrôle en Irak et en Syrie, exécute de cette manière deux femmes, selon l'Observatoire syrien des droits de l'Homme (OSDH). L'EI avait déjà décapité deux combattantes kurdes mais après leur mort dans des affrontements.
Les exécutions ont eu lieu dimanche et lundi à Mayadine, dans la province de Deir Ezzor (est) devant une foule, a indiqué l'OSDH, qui a précisé les femmes avaient été décapitées avec leurs maris sous l'accusation de "sorcellerie et magie".
Selon une vidéo que cette ONG a pu se procurer, le bourreau, masqué et habillé d'une large tunique, prononce une prière avant de décapiter d'un coup d'épée le couple agenouillé. La femme porte un hijab lui couvrant le visage.
Lors d'une perquisition dans la maison des suppliciées, les jihadistes auraient trouvé des amulettes et un papier écrit cousu dans un tissu, ce qui est considéré comme de la sorcellerie, punie de mort dans l'islam, selon le directeur de l'OSDH, Rami Abdel Rahmane.
L'usage de ces fétiches est courant dans les campagnes notamment pour résoudre des problèmes de couple ou pour lutter contre le mauvais oeil, a affirmé un militant de Raqa, Abou Ibrahim al-Raqqaoui.
Accusé de crimes contre l'Humanité par l'ONU, l'EI a procédé à de nombreuses décapitations d'hommes et à des exécutions massives, a lapidé des femmes soupçonnées d'adultère et infligé des morts atroces à des homosexuels.
Depuis la proclamation de son "califat" sur les territoires syrien et irakien sous son contrôle, l'EI a ainsi exécuté plus de 3.000 personnes en Syrie, dont 1.800 civils parmi lesquels 74 enfants, selon l'ONG.
- Suspendus pour non-respect du jeûne -
Dans un autre secteur de Deir Ezzor, à Mayadeen, l'EI a suspendu cinq personnes, les bras en croix, à un grillage à l'extérieur du poste de la police religieuse, avec à côté l'inscription "non-respect du jeûne (du ramadan) sans justification religieuse", a indiqué l'OSDH.
Déjà le 22 juin, l'EI avait dans la même ville suspendu à un poteau deux garçons par des cordes pour ne pas avoir observé le ramadan, selon l'ONG, qui s'appuie sur un large réseau d'informateurs et de sources médicales à travers la Syrie, pays en guerre depuis plus de quatre ans.
Durant le mois sacré du ramadan, les musulmans doivent s'abstenir de manger et de boire du lever au coucher du soleil.
"Ce sont les cas dont nous avons eu connaissances mais il est possible qu'il y en ait eu d'autres", a précisé l'OSDH.
Ailleurs dans le pays, les barils d'explosif largués par l'aviation du régime ont causé la mort mardi d'au moins 28 personnes, selon cette organisation.
A Douma, dans la province de Damas, au moins dix personnes, dont deux enfants, ont été tuées et 50 autres blessées. Un photographe de l'AFP a vu dans une clinique le corps d'une jeune fille dont un main dépassait de la couverture.
Cette localité rebelle est souvent la cible des raids militaires et en juin, 24 personnes, dont cinq enfants, avaient été tuées par des raids et des bombardements lors de la visite de l'émissaire de l'ONU à Damas Staffan de Mistura. Le même jour, neuf personnes avaient succombé à Damas à des tirs rebelles.
Dans le nord-ouest, au moins 18 personnes ont perdu la vie de la même façon à Ehsim, un village de la province rebelle d'Idleb, selon l'OSDH. Selon la Commission générale de la révolution syrienne (CGRS), le baril avait frappé un marché.
Plus de 230.000 personnes sont mortes depuis le début du conflit il y a quatre ans.