Les jihadistes de l'État islamique (EI) ont franchi un nouveau cap dans l'horreur en Syrie en décapitant, pour la première fois, deux femmes, accusées de sorcellerie.
L'organisation extrémiste sunnite, qui multiplie les exactions dans les zones sous son contrôle en Irak et en Syrie, a par ailleurs réussi à s'infiltrer dans la ville stratégique de Tall Abyad, à la frontière turque, dont elle avait été récemment chassée par les forces kurdes.
Les exécutions des deux femmes, accusées de "sorcellerie et magie" par l'EI, ont eu lieu dimanche et lundi devant une foule à Mayadine, dans la province de Deir Ezzor (est), selon l'Observatoire syrien des droits de l'Homme (OSDH).
C'est la "première fois" que l'EI exécute de cette manière deux femmes, d'après cette ONG, qui s'appuie sur un large réseau d'informateurs. L'EI avait déjà décapité deux combattantes kurdes mais après leur mort dans des affrontements.
Selon une vidéo que l'OSDH a pu se procurer, le bourreau masqué prononce une prière avant de décapiter d'un coup d'épée une des femmes et son mari, tous deux agenouillés. La femme porte un hijab lui couvrant le visage.
Lors d'une perquisition dans la maison des suppliciées, les jihadistes auraient trouvé des amulettes ce qui est considéré comme de la sorcellerie, punie de mort dans l'islam, selon le directeur de l'OSDH, Rami Abdel Rahmane.
L'usage de ces fétiches est courant à la campagne notamment pour résoudre des problèmes de couple ou pour lutter contre le mauvais oeil, a affirmé un militant de Raqa (nord), Abou Ibrahim al-Raqqaoui.
- Non-respect du jeûne -
Toujours à Mayadine, l'EI a suspendu cinq personnes, les bras en croix, avec à côté l'inscription "non-respect du jeûne (du ramadan) sans justification religieuse", a indiqué l'OSDH.
Déjà le 22 juin, dans la même ville, l'EI avait suspendu à un poteau deux garçons par des cordes pour ne pas avoir observé le ramadan, selon l'ONG. Durant ce mois sacré, les musulmans doivent s'abstenir de manger et de boire du lever au coucher du soleil.
Accusé de crimes contre l'Humanité par l'ONU, l'EI a procédé à de nombreuses décapitations d'hommes et à des exécutions massives, a lapidé des femmes soupçonnées d'adultère et infligé des morts atroces à des homosexuels.
Depuis la proclamation il y a un an de son "califat" sur les territoires syriens et irakiens sous son contrôle, l'EI a ainsi exécuté plus de 3.000 personnes en Syrie, dont 1.800 civils parmi lesquels 74 enfants, selon l'OSDH.
- Barils d'explosifs meurtriers -
Sur le plan militaire, les jihadistes ont pénétré mardi à Tall Abyad et pris le contrôle d'un quartier de l'est de cette ville frontalière, deux semaines après en avoir été chassés par les combattants kurdes, selon l'OSDH et les Unités de protection du peuple kurde (YPG).
Le porte-parole du YPG, Redur Khalil, a expliqué que "plusieurs dizaines" de combattants de l'EI s'étaient "infiltrés" dans un secteur sous contrôle kurde.
"Les combattants kurdes cherchent à encercler les jihadistes et à les empêcher d'avancer", a précisé M. Abdel Rahmane, en soulignant que les combats font rage dans cette localité qui fut, pendant plus d'un an, une place forte des jihadistes avant qu'ils en soient expulsés le 16 juin, à l'issue d'une âpre bataille.
Les YPG, épaulées par des rebelles syriens, avaient pu reprendre la ville avec le soutien de raids de la coalition internationale anti-jihadiste conduite par les États-Unis.
Les combats avaient poussé des dizaines de milliers de personnes à fuir dans le chaos vers la Turquie, mais après la victoire kurde, beaucoup sont revenues chez elles.
Ailleurs dans le pays, les barils d'explosifs largués par l'aviation du régime ont causé la mort mardi d'au moins 31 personnes à Douma, dans la province de Damas, et à Elhim, une localité de la province majoritairement rebelle d'Idleb, dans le nord-ouest, selon l'OSDH.
Plus de 230.000 personnes sont mortes depuis le début il y a quatre ans du conflit en Syrie, où 50% du territoire est désormais sous le contrôle de l'EI.