La romancière Valérie Toranian, ex-directrice du magazine Elle, a reçu mardi le grand prix de l'Héroïne décerné par Madame Figaro pour son roman "L'étrangère" (Flammarion) où elle reconstitue le calvaire de sa grand-mère rescapée du génocide arménien.
Le grand prix de l'Héroïne récompense des ouvrages qui ont pour héroïnes des femmes exceptionnelles.
Dans la catégorie biographie/document, le prix a été attribué à Alysia Abbot pour "Fairyland" (Editions Globe) et le prix du roman étranger a été décerné à Angelika Klüssendorf pour "La fille sans nom" (Presses de la Cité).
Le jury, présidé par Patrick Poivre d'Arvor, a décidé de remettre en outre un prix spécial à Marceline Loridan Ivens pour son livre bouleversant "Et tu n'es pas revenu" (Grasset), longue lettre adressée par cette rescapée des camps à son père assassiné à Auschwitz.
Valérie Toranian, qui dirige aujourd'hui La Revue des deux mondes, a utilisé les souvenirs de sa grand-mère, Aravni, dite Nanni, pour écrire son premier roman.
"L'étrangère" est un récit à la fois atroce et poignant, racontant le calvaire des Arméniens et notamment des femmes dont certaines, épuisées, furent obligées d'abandonner leurs jeunes enfants près d'un point d'eau lors de marches forcées dans des contrées désertiques.
Ces femmes, se souvient la grand-mère de l'auteur, espéraient qu'une âme charitable prît soin de leur enfant. En fait, la nuit venue, ce fut le hurlement des bêtes sauvages et les cris des enfants qu'elles entendirent.
Heureusement, le récit de cette tragédie est également l'occasion d'évoquer les tendres et gais souvenirs d'enfance de l'auteur avec sa grand-mère "étrangère".
"La fille sans nom" évoque dans un style dépouillé à l'extrême et presque froid les errances d'une fillette d'une dizaine d'années, brimée et livrée à elle-même, dans l'ex-RDA. Le livre a reçu de nombreux prix littéraires en Allemagne.
Dans "Fairyland", Alysia Abbott raconte son enfance à San Francisco avec son père, l'écrivain et militant homosexuel, Steve Abbott, dans le milieu des années 70 alors que le sida commence à faire des ravages.